Prix du pétrole russe plafonné : le risque "dans les semaines à venir" c’est "une augmentation du prix à la pompe", selon un économiste
"On n'est pas à l'abri, dans les semaines à venir, de constater une augmentation du prix à la pompe", observe dimanche 4 décembre sur franceinfo Patrice Geoffron, professeur de Sciences économiques à l'université Paris-Dauphine et directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières. Samedi, les 27 pays de l'Union européenne, le G7 et l'Australie, ont approuvé le plafonnement du prix du pétrole brut russe transporté par voie maritime à 60 dollars par baril, une nouvelle sanction contre la guerre en Ukraine initiée par la Russie.
Avec ce mécanisme, les transporteurs maritimes et les compagnies d'assurance et de réassurance ne pourront prendre en charge les cargaisons de brut russe que si son prix n'excède pas 60 dollars par baril, une mesure dénoncée par Moscou. Et comme les principales sociétés de transport maritime et d'assurance au monde sont basées dans les pays du G7, ces derniers ont ce pouvoir de contrôle des prix du pétrole.
Mais ce plafonnement qui doit entrer en vigueur lundi, n'est pas si sévère qu'on pourrait le croire, en tout cas pour le moment. "D'ores et déjà sur le marché, il y a une décote de 20 à 25 dollars le baril, c'est-à-dire qu'il est perçu par les acheteurs que le pétrole russe présente désormais des caractéristiques différentes de celle qui provient d'autres fournisseurs, explique Patrice Geoffron. Le prix du baril est à peu près autour de 85 dollars, donc avec cette décote de 20 ou 25 dollars, on n'est pas très loin de ce plafond".
Priver la Russie de bénéfices
Le but de ce mécanisme est davantage destiné à priver la Russie de bénéfices, si le prix du baril remonte, ce qui pourrait être le cas "si la Chine sort du Covid-19", avance le professeur d'économie. Car placer ce plafond du prix du baril pourrait fragiliser la Russie, mais aussi les pays Occidentaux. "C'est là qu'on mesure qu'il y a une espèce de voie qui est très étroite, un chemin de crête le long duquel on essaie d'avancer", décrypte Patrice Geoffron. "La volonté n'est pas d'évincer le pétrole russe, vu que la Russie est au premier rang mondial avec l'Arabie saoudite et les États-Unis en termes de production. Ça aurait un impact très significatif avec une augmentation du prix qui aurait un effet très négatif sur la plupart des économies du monde."
Ce plafond, même s'il est raisonnable, "insuffisant" selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, va déjà avoir un impact sur les prix des carburants dans les stations-service françaises. "La France importe à peu près 99 % de son pétrole et de ses produits raffinés, et ça vaut assez largement, notamment pour le diesel, rappelle Patrice Geoffron. Et on n'est pas à l'abri, évidemment, dans les semaines à venir ou les mois à venir de constater une augmentation du prix à la pompe."
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