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Référendums d'annexion en Ukraine : "C'est un hold-up, un kidnapping territorial", dénonce l'eurodéputé Raphaël Glucksmann

Dans quatre régions de l'est de l'Ukraine, les autorités prorusses revendiquent, mardi 27 septembre, la victoire du "oui" lors de référendums de rattachement à la Russie.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Raphaël Glucksmann lors d'un discours pendant la campagne des élections régionales, en juin 2021, à Paris. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"C'est un hold-up, un kidnapping territorial", dénonce ce mercredi 28 septembre sur franceinfo l'eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann, après la tenue de plusieurs référendums d'annexion russe de régions ukrainiennes. Ce mardi, les autorités russes de de Zaporijjia, Kherson, Louhansk et Donetsk ont revendiqué mardi la victoire du "oui" en faveur d'une annexion.

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"La réponse des Européens doit être extrêmement ferme", estime l'eurodéputé qui est également Président de la Commission spéciale sur les ingérences étrangères dans le processus démocratiques de l’Union Européenne. Il appelle notamment à "enfin s'attaquer à la question des importations d'énergie".

franceinfo : Ces scrutins sont-ils une "mascarade", comme l'a dit ce mardi soir la ministre des Affaires étrangères françaises Catherine Colonna ?

Raphaël Glucksmann, eurodéputé Place publique : C'est une mascarade, c'est une insulte à l'idée même de référendum et d'élection. C'est simplement un hold-up, un kidnapping territorial. Vous avez un régime qui adopte la fuite en avant et qui décide de dépecer son voisin. La réponse des Européens doit être extrêmement ferme parce que sinon, ça ouvre une boîte de Pandore. En 2014, après le référendum d'annexion de la Crimée, c'est parce que nous n'avons pas répondu de manière assez ferme que nous sommes dans cette situation. Aujourd'hui, il faut mettre fin aux incohérences de nos sanctions. Par exemple, lorsque l'on dit que nous avons exclu les banques russes du système Swift, c'est faux. Il reste des banques qui sont parties prenantes de ce système. Lorsque l'on dit que nous avons sanctionné les biens des oligarques et les biens russes en Europe, c'est encore un processus qui n'a pas abouti. Il y a des sanctions à prendre pour rendre ces paquets de sanctions cohérents et il faut enfin s'attaquer à la question des importations d'énergies. Aujourd'hui, vous savez qu'on finance encore à hauteur de 450 millions d'euros par jour la guerre de Vladimir Poutine. Depuis six mois, depuis le 24 février 2022, nous avons financé à près de 100 milliards d'euros la guerre de Vladimir Poutine. Dans le même temps, l'aide européenne apportée à l'Ukraine, c'est six milliards d'euros.

Entendez-vous cette musique qui monte en ce moment sur l'inefficacité des sanctions, sur le fait qu'elles nous pénaliseraient davantage, nous, Européens, que les oligarques russes ?

Il y a cette musique partout en Europe aujourd'hui. La vérité, c'est que les sanctions fonctionnent. Pour l'armée russe, cela devient actuellement compliqué de remplacer ces stocks. Il y a une économie russe qui est en train de s'effondrer et donc on a besoin de continuer. C'est un test immense pour nos démocraties. Nous avons été éduqués, élevés, avec l'horizon d'une paix perpétuelle et là, on se retrouve dans une situation de trouble où, c'est vrai, aujourd'hui, nous payons un prix à cause de la guerre déclenchée par Vladimir Poutine. Cependant, quelle est l'alternative aux sanctions ? Ce serait de céder. Ce serait de légitimer la possibilité d'une guerre de kidnapping territoriale en Europe. Ce serait encourager Vladimir Poutine à aller toujours plus loin. Aujourd'hui, on comprend que la seule manière que nous avons de rétablir la paix sur le continent européen, c'est que le tyran russe comprenne qu'il ne peut pas gagner cette guerre et qu'il est condamné à la perdre et accepter sa défaite.

Cela veut-il dire que la seule solution est militaire ? N'y a-t-il pas une place pour la diplomatie ?

La place pour la diplomatie arrivera si le rapport de force sur le terrain oblige les Russes à aller à la table des négociations. Aujourd'hui, ce que Vladimir Poutine veut faire, c'est la politique du fait accompli. Il va nous expliquer que désormais, ces régions qu'il kidnappe sont russes et que toute attaque contre ces régions entraînera une réponse nucléaire. C'est là un chantage que nous ne pouvons pas accepter parce que sinon, ça veut dire que, en gros, vous pénétrez sur territoire, vous dites que c'est chez vous et ensuite vous utilisez la bombe atomique. Il y a pour l'Europe un enjeu de crédibilité essentiel. Il faut impérativement qu'on montre qu'on est capable de tenir un effort sur le long terme. C'est vrai que ce sera difficile. C'est vrai que l'Europe va connaître un hiver extrêmement dur et donc il faut qu'on montre qu'on est capable, par des plans de solidarité, de faire en sorte que les plus vulnérables en Europe ne soient pas les principales victimes de la situation. On a su faire face à une pandémie en montrant que nous pouvions être solidaires entre les pays européens et à l'intérieur même des cités européennes. Il faut faire exactement la même chose face à la guerre de Vladimir Poutine.

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