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Reportage Crise en Ukraine : à Kiev, des civils se forment à la médecine de guerre en prévention d'une offensive russe

En Ukraine, des habitants apprennent les gestes essentiels de médecine de guerre pour être prêts au cas où Moscou lancerait une offensive militaire. 

Article rédigé par Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des membres du personnel hospitalier à Kiev (Ukraine) le 9 avril 2021. Illustration (SERGEI SUPINSKY / AFP)

L'exercice est simple mais cruel pour ces apprentis infirmiers et infirmières de combat : ils doivent trier quatre blessés graves qu'ils découvrent dans un jardin d'enfants de Kiev (Ukraine). En quelques dizaines de secondes, ces stagiaires en médecine de guerre doivent définir le sérieux des blessures : qui doit être pris en charge et qui est sans espoir ? Alors que les tensions sont toujours aussi vives à la frontière russo-ukrainienne et que les chefs de la diplomatie russe et français doivent s'entretenir lundi 21 février, la capitale ukrainienne se prépare à un potentiel conflit. 

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Dans les faubourgs de Kiev, les quinze infirmiers, médecins ou simples volontaires qui se succèdent posent des autocollants de couleur sur les corps, au milieu des cris et des blessés qui s'accrochent à eux. "L'infirmier m'a correctement identifié comme un blessé simple", détaille David, l'un des formateurs américains, qui joue une victime. Il a reçu un autocollant vert. "Je suis capable de marcher, avec une blessure sérieuse au bras, mais qui ne saigne plus." Il est, comme les autres faux blessés, dûment maquillé avec d'horribles plaies en plastique bien apparentes. 

À côté de lui, Andrei, autre formateur américain, a été estampillé en gris, c'est-à-dire mourant. C'est une erreur : "Ça a l'air d'une sale blessure, concède-t-il, mais en fait ce n'est pas si grave. Je suis conscient et je respire normalement, c'est donc une blessure sérieuse mais pas forcément mortelle."

Des débutants aux vétérans

Parmi la quinzaine de stagiaires, certains n'ont aucune expérience. D'autres, comme Julia, sont des vétérans. "Je mets à jour mes connaissances médicales", explique cette femme de 35 ans. "J'étais sur le front à Troits'ke, en 2014. Ma fille est même née là-bas."

"Aujourd'hui, puisque la guerre revient à nos portes, il faut que je mette à jour mes connaissances."

Julia, habitante de Kiev

à franceinfo

 David Plaster, ancien médecin militaire américain, dirige ces stages avec son association Anomalie. "Avec mon équipe on fait ça pratiquement dans tout le pays. On est actif depuis les tout débuts de la guerre", raconte ce vétéran de plusieurs théâtres d'opérations. "On a été parmi les premiers étrangers sur le front, pour apporter de l'aide médicale et de la formation."

Manifestement, tous les Américains n'ont donc pas suivi l'injonction de leur ambassade de quitter le pays. David Plaster se dit même prêt à retourner au combat. "J'ai décidé qu'ici c'était chez moi et on défend toujours sa maison contre ceux qui veulent la détruire. C'est ce qu'on fait !"

En Ukraine, formation accélérée à la médecine de guerre : reportage d'Eric Biegala

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