: Reportage "Il restera peut-être des mines le jour où je rentrerai chez moi" : en Ukraine, des collégiens apprennent à se protéger des explosions
Dans tout le pays, l'ONG Handicap International forme les habitants, et notamment les plus jeunes, à la sécurité et aux risques de la guerre.
La sirène anti-aérienne retentit à l'heure où doit reprendre la classe. Vingt adolescents sont bien emmitouflés dans l'abri souterrain du collège de Poltava, à l'est de Kiev. Face à eux, Yuri et Roman, de l'ONG Handicap International, sont venus leur parler de sécurité pendant les frappes et des risques liés aux mines. "L'Ukraine est aujourd'hui le pays le plus pollué par des objets explosifs. Il faudra au moins dix ou quinze ans pour tout déminer", annonce d'emblée Yuri. "16 000 personnes ont déjà été blessées par des mines après le passage des Russes depuis le début de la guerre" , poursuit Roman.
Dans la cave, sur le petit ordinateur qui remplace l'habituel rétroprojecteur, les photos défilent. "Vous voyez, décrit l'une des formateurs, la mine se cache dans un paquet de bonbons... Ici, dans une trousse de secours, là, dans un paquet de cigarettes. Tous ces objets peuvent être dangereux." La mise en garde s'adresse surtout aux enfants déplacés par la guerre.
C'est le cas de Makar, 14 ans et le regard infiniment triste. Sa ville d'origine est Energodar, située dans l'oblast de Zaporijia, à deux pas de la désormais célèbre centrale nucléaire, sous contrôle russe depuis des mois. "Il restera peut-être des mines le jour où je rentrerai chez moi... Ça peut m'aider à les repérer", souffle-t-il. Victoria, elle aussi, vient d'ailleurs. La jeune fille se dit qu'elle transmettra, de retour dans sa région de Koupiansk, les choses apprises ici.
"J'espère vraiment que ma maison n'est pas minée."
Makar, 14 ansà franceinfo
Soudain, la cave est plongée dans l'obscurité, la faute à une énième coupure de courant. La professeur court chercher quelques lampes et Yuri, lui, poursuit, imperturbable : "Vous voyez même ici, loin du front, on est dans la réalité de cette guerre. Nous nous retrouvons à former les jeunes, dans un abri et dans le noir." Et d'ajouter pour conclure : "Face aux frappes, il n'y a pas d'endroit sécurisé en Ukraine. Ça peut arriver n'importe quand, n'importe où.
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