Reportage "Là-bas les gars se battent sur le front, ici on se bat pour l'énergie électrique" : en Ukraine, la mobilisation se fait aussi sous terre

Les mines de charbon alimentent notamment les centrales thermiques du pays. Reportage à 510 mètres de profondeur.
Article rédigé par Mathilde Dehimi - Yashar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Dans cette mine entre Dnipro et Pokrovsk (Ukraine), les mineurs travaillent 24/24 pour alimenter en charbon les centrales thermiques (MATHILDE DEHIMI / RADIO FRANCE)

Depuis le mois de mars, l’armée russe frappe de manière très ciblée les centrales thermiques ou hydroélectriques pour perturber le quotidien des habitants et l’approvisionnement des militaires ukrainiens. Le charbon qui alimente ces centrales est d’autant plus précieux mais les mines souffrent à leur tour du manque d’électricité.

Oleg ajuste sa lampe sur son casque pour mieux distinguer les silhouettes au loin. La poussière noire colle à ses tatouages, dans cette mine entre Dnipro et Pokrovsk. Juste au-dessus de lui, une conduite évacue le grisou. "Là, on fait des travaux dangereux, on est en train de déplacer le convoyeur blindé et les machines électriques qu’on utilise dans cette galerie de tête". Oleg se glisse à plat ventre dans la taille. À plusieurs kilomètres sous terre, l’électricité est un bien précieux. "Ce sont deux transformateurs secs, qui reçoivent une tension de 6 000 volts ramenés à 660. Ça va sur les moteurs de la haveuse et du convoyeur et du système de gestion".   

Un travail acharné 

Les mineurs travaillent 24 heures sur 24 pour alimenter en charbon les centrales thermiques. Les frappes russes ont déstabilisé le réseau électrique, et c’est une course contre la montre pour diminuer les coupures quotidiennes explique Denis. "Là-bas, les gars se battent sur le front ; ici on se bat pour l'énergie électrique, on défend notre pays".

Mais la guerre et les coupures ont rendu le travail des mineurs encore plus dangereux. En novembre, 300 sont restés au fond, se souvient Anatoly, l’ingénieur en chef. "Les mineurs ont dû marcher dix kilomètres dans les galeries sans ventilation. Il y a de l'oxygène mais sans renouvellement d'air, c'est dur de respirer. Ensuite, ils sont ressortis en montant 180 mètres à l'échelle".

Les pompes aussi se sont brutalement arrêtées. Quatre heures de coupure en plus et la mine était totalement inondée, une catastrophe environnementale et sociale évitée de justesse.

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