Reportage "On en a vraiment assez, mais le mal doit être éradiqué" : en Ukraine, la lassitude de la population après deux ans de guerre contre la Russie

Après deux ans de guerre d'usure, les Ukrainiens sont fatigués du conflit. Mais la majorité d'entre eux refuse les pourparlers avec Moscou, tant qu'une partie de leur territoire sera occupée.
Article rédigé par Omar Ouahmane
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Un véhicule de pompier éteint un incendie déclenché par un bombardement russe sur la ville de Kostiantynivka, en Ukraine, le 21 juillet 2024 (DIEGO HERRERA CARCEDO / ANADOLU via AFP)

En Ukraine, la guerre s’est enlisée et les fronts sont figés depuis plusieurs mois. Pour sortir de l’impasse, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a créé la surprise en proposant, jeudi 18 juillet, d’inviter la Russie au prochain sommet pour la paix. Mais si les Ukrainiens sont favorables à des pourparlers avec Moscou, ils considèrent qu’ils ne peuvent avoir lieu qu’une fois l’intégrité territoriale de leur pays restaurée. France Info s'est rendu à Kiev à la rencontre de ces Ukrainiens fatigués après plus de deux ans de guerre.

Comme de nombreux Ukrainiens, Valentina est épuisée par cette guerre d'usure. "Il y a les coupures de courant, les bombardements, les attaques de drones, énumère-t-elle. On en a vraiment assez. Mais la liberté coule dans nos veines et le mal doit être éradiqué." Et elle précise : "Le mal, c'est la Russie."

Pour beaucoup d'Ukrainiens, il n'est donc pas question de faire des concessions à Moscou et de lui céder les territoires qu'elle occupe. C'est la position de Roman, 27 ans, de retour du front de l'Est où il a perdu ses deux bras. "Négocier avec la Russie serait une vraie trahison car nous avons payé un très lourd tribut, insiste le jeune homme. La place de Poutine est à la Cour pénale internationale de La Haye."

Forcer la Russie à renoncer à ses revendications territoriales

À l'inverse, d'autres Ukrainiens estiment que la nouvelle position de Volodymyr Zelensky est une stratégie pour forcer la Russie à renoncer à ses revendications territoriales. C'est l'avis de Sviatoslav Juraj, député du même parti que le président ukrainien. "Inviter la Russie à la table des négociations, c'est lui montrer clairement que la majorité du monde est avec nous, que plus de 100 pays nous soutiennent contre leurs délires impérialistes, analyse-t-il. C'est pourquoi elle refuse de venir."

Mais ces mêmes Ukrainiens savent aussi qu'une victoire de Donald Trump lors de la prochaine élection présidentielle aux États-Unis, en novembre 2024, pourrait changer la donne. Ils craignent de perdre leur principal soutien militaire, avant d'être poussés à abandonner une partie de leur territoire à la Russie.

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