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Témoignage Guerre en Ukraine : "L’explosion a projeté hors de la voiture mon mari et nos deux garçons", le fléau des mines russes laissées dans les territoires libérés

L'armée russe a semé des mines en partant des villages du sud de l'Ukraine qu’ils ont occupés ces huit derniers mois. Il y a déjà des victimes parmi les civils ukrainiens. Une mère de 34 ans nous raconte comment sa famille entière a été blessée dans la région de Kherson.

Article rédigé par Agathe Mahuet, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Marina, 34 ans, avec son bébé de cinq mois, à l'hopital de Kryvyï Rih après avoir été blessée par l'explosion d'une mine  (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

C’est en boitant, qu’elle vient nous raconter son histoire, dans ce couloir de l’hôpital de Kryvyï Rih. Marina a 34 ans, le visage encore tout éraflé, et une petite fille de cinq mois dans les bras. Partout autour des villages du sud de l'Ukraine qu’ils ont occupés ces huit derniers mois, les Russes ont semé des mines en partant. Les autorités affirment que 30% du pays est touché. Ces mines font déjà des victimes parmi les civils ukrainiens, comme cette famille entière, blessée, dans la région de Kherson.

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Marina ferme les yeux, et se souvient du début de l’occupation à Zmiivka, son village au bord du Dniepr : "On n'a pas voulu partir tout de suite, parce que les Russes sont venus dans la région, mais ils ne nous ont pas fait de mal." C’est quand les soldats de Moscou se sont repliés sur l’autre rive, début novembre que les problèmes ont commencé.

"Ils se sont mis à frapper notre village. Alors avec mon mari, on a décidé de prendre la route vers les territoires non-occupés pour protéger nos enfants de cette horreur."

Marina, Ukrainienne

à franceinfo

Une route, que les militaires ukrainiens, de retour dans la région, ont tenté de sécuriser mais il reste des pièges. "On suivait une camionnette et soudain, elle a roulé sur une mine, raconte Marina. Le blast de l’explosion a projeté hors de la voiture mon mari et nos deux garçons." Elle et son bébé, par miracle, ne sont que légèrement blessées. Ses deux fils, hospitalisés, tirés d’affaires, au bout de quelques jours. "Oui, ça va, confie-t-elle les larmes aux yeux. Mais mon mari, lui, est toujours en réanimation."

L'hôpital de Kryvyï Rih accueille des Ukrainiens blessés par les explosions des mines laissées par l'armée russe dans les territoires libérés. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

"Ces salauds de Russes posent des mines n’importe où"

En veut-elle aux soldats ukrainiens, qui pensaient avoir déminé la route ? "Non, ce n’est pas de leur faute, répond Marina. Ces salauds de Russes posent des mines n’importe où. Ils les cachent, on ne peut pas les voir." Elle berce d’un geste sûr sa petite fille qui parvient à se rendormir. Marina ne veut pas rentrer à Zmiivka pour l’instant. Elle ne sait pas ce qu’est devenue sa maison. Mais elle adresse un message, à tous les Ukrainiens :

"Si vous prenez la route, soyez bien accompagnés par des militaires. Vérifiez bien les informations ! Que personne ne parte comme on l’a fait !"

Marina, Ukrainienne

à franceinfo

Dans la région de Kherson, chaque jour, ce sont des milliers de mines russes, que les Ukrainiens neutralisent, autour de ces villages libérés.

Le fléau des mines russes laissés dans les territoires libérés - Agathe Mahuet et Gilles Gallinaro

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