Témoignage Guerre en Ukraine : sur le front, les soldats appellent les alliés occidentaux à ne pas couper les livraisons d'armes

Volodymyr Zelensky est à Washington ce mardi pour rencontrer Joe Biden, et surtout se rendre au Congrès pour espérer convaincre les républicains de débloquer une aide supplémentaire.
Article rédigé par Claude Guibal - Hélène Langlois, Yashar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des soldats ukrainiens dans une tranchée sur le front est du pays, près de Bakhmout. (CLAUDE GUIBAL / RADIO FRANCE)

Dans leur tranchée glacée, près de Bakhmout, à l'est de l'Ukraine, les hommes d'Arthur, sous-officier, se battent contre les Russes, mais aussi contre les éléments. Car l'hiver est tombé sur l'Ukraine, et il fait désormais très froid. Tout est gelé, terriblement glissant, épuisant. Et quand on lui parle de la baisse du soutien occidental, les yeux bleu glacé d'Arthur se figent. "Si ça diminue, ça sera plus difficile pour nous de continuer que maintenant, mais on fera en fonction de nos capacités."

À plus de 8 000 kilomètres, la journée est cruciale pour Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien est en déplacement à Washington mardi 12 décembre. Il doit y rencontrer Joe Biden, et se rendre devant le Congrès américain, qui a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis le début de l'invasion russe, mais n'a pas voté de nouvelle enveloppe depuis décembre dernier.

Les républicains bloquent le versement d'une aide supplémentaire, déterminante pour la suite du conflit. Tout retard dans l'aide destinée à Kiev est "un rêve devenu réalité" pour Moscou, selon Volodymyr Zelensky. "S'il y a bien quelqu'un qui se réjouit des tractations sans fin au Capitole, c'est Poutine et sa clique de détraqués", a-t-il accusé.

"Donnez-nous des armes, c'est ça la solution"

Sur le terrain, après six mois d'une contre-offensive infructueuse, les militaires supplient leurs alliés de ne pas les abandonner. Sur le front sud, près de Kherson, ou à l'est, à Avdiivka, les combats font encore rage. Campé au bord de la tranchée où il entraîne ses hommes, Arthur a remonté sa cagoule kaki sur son visage. Près de Bakhmout, tout proche de la ligne de front est du conflit, "c'est très difficile à expliquer la guerre à ceux qui ne la connaissent pas", dit-il, de cette voix froide de ceux qui en ont trop vu pour en parler. "Le front, tout d’abord, c’est la mort. Ce sont les tranchées, la boue, la neige, l’eau. À chaque coin, on peut tomber sur des fils piégés. La guerre, ça fait peur, et c’est très dur."

"Donnez-nous plus d’armes, de munitions et on va faire ce qu’on a à faire."

Arthur, un sous-officier ukrainien

à franceinfo

Sous les arbres gelés, quelques planches brûlent. Même pas de quoi se chauffer, à peine de quoi faire réchauffer un peu de café. Avec le vent sec, mordant, on entend claquer les cristaux de neige. Au fond, les explosions. "Ce qu'on demande, c'est qu’il n'y ait pas de retard dans les livraisons. Ne les bloquez pas. Tout simplement, donnez-nous des armes, c’est ça la solution", martèle Arthur. Malgré l'échec de la contre-offensive lancée cet été, malgré l'hiver qui a tout gelé, malgré la fatigue des hommes, la relève qui tarde, au front la détermination est encore intacte.

Sur le front de Bakhmout, les soldats ukrainiens appellent les alliés occidentaux à ne pas couper les livraisons d'armes - Un reportage de Claude Guibal

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