Ukraine : à Kiev, les habitants stockent des vivres et évitent le centre
Alors que la journée de jeudi a tourné au bain de sang, les habitants de la capitale ukrainienne vident les étalages des magasins ouverts. Le centre de la ville est paralysé.
A quoi ressemble la vie à Kiev (Ukraine), en dehors de la place Maïdan, haut lieu de la contestation ? Les habitants de Kiev ont retiré jeudi 20 février le maximum d'argent possible aux distributeurs bancaires et ont constitué des stocks de vivres, vidant les étalages des magasins, alors que les nouvelles violences ont fait entre 60 et 100 morts.
Beaucoup de magasins, de banques et de restaurants du centre habituellement animé de la capitale ukrainienne n'ont même pas ouvert leurs portes, et nombre d'habitants ont préféré ne pas s'aventurer dans les rues. Jusqu'à présent, les violences politiques n'ont guère débordé au-delà de la place de l'Indépendance, surnommée Maïdan, et la vie a continué comme à l'accoutumée dans le reste de la capitale. Mais cette semaine, le centre de Kiev a connu un calme inhabituel. "Presque tous ceux qui ne sont pas à Maïdan restent chez eux. Tout le monde a peur. Les rayonnages se vident dans les supermarchés. Nous ne savons pas combien de temps cela peut durer", explique un vendeur de 26 ans, Stanislav Mostovoï.
Des manifestations et des affrontements ont également lieu dans d'autres villes du pays, notamment dans l'ouest nationaliste, comme à Lviv, où mercredi, les manifestants se sont emparés d'un dépôt d'armes de la police. Armés de bâtons, boulons, pavés, mais aussi de cocktails Molotov, des centaines de manifestants radicaux, le plus souvent casqués et équipés de boucliers ont affronté les forces anti-émeutes Berkout, qui ont répliqué avec des balles en caoutchouc, des grenades lacrymogènes, mais aussi avec des tirs de kalachnikov. A Lviv aussi, les habitants tentent d'éviter les zones de conflits, font des provisions et font la queue pour retirer le plus d'argent possible aux distributeurs.
"Des scènes de guerre"
Les violences se sont aggravées depuis le début de la semaine et certaines vidéos ont montré des policiers juchés sur des toits tirant sur des manifestants de Maïdan, à Kiev. Les manifestants lançaient des cocktails Molotov et des pavés du haut des barricades. Irina, mère célibataire qui s'est rendue place de l'Indépendance pour faire don d'un sac de seringues hypodermiques et autre matériel médical, explique qu'il ne faut pas s'étonner de trouver des rues désertes. "Est-ce que vous sortiriez s'il y avait des tireurs sur les toits, dans votre ville? Il s'agit de scènes de guerre", déclare-t-elle.
La jeune femme n'est pas la seule à montrer sa solidarité envers les manifestants de Maïdan : des volontaires ont apporté jeudi des cartons d'eau minérale et des sacs de médicaments. Le Monde écrit : "La solidarité est à la hauteur du sacrifice tragique consenti par les combattants les plus résolus."
Toutes les écoles et toutes les crèches du centre de la capitale sont fermées cette semaine et le métro a cessé un temps de fonctionner, même s'il a repris en partie son service jeudi. La majeure partie des distributeurs bancaires sont à court de billets et les files d'attente pour retirer de l'argent des banques s'allongent.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.