Ukraine : ce "troisième hiver de guerre sera le plus difficile pour les enfants", alerte la présidente d'Unicef France
Les Ukrainiens vont affronter leur troisième hiver de guerre. Toute une population doit s’adapter depuis bientôt trois ans à des conditions de vie très difficiles, en particulier les enfants et les adolescents. La guerre les empêche d’avoir une éducation normale ce qui risque de laisser des traces indélébiles sur toute une génération. Ce "troisième hiver de guerre sera le plus difficile pour les enfants ukrainiens", alerte Adeline Hazan, présidente de l'Unicef France, qui rentre d'un voyage en Ukraine.
Si "près d'un million" d'enfants vivent près de la ligne de front, "partout, ils subissent les affres de la guerre", "aucun n'est épargné", s'inquiète Adeline Hazan. Une année et demie : c'est le retard accumulé par les Ukrainiens aux dires des spécialistes. Ils sont cinq millions à avoir vu leur éducation perturbée après que la guerre a éclaté en février 2022. Aujourd'hui, trois enfants sur quatre ne peuvent toujours pas aller à l'école en présentiel faute d'un abri sûr : "Il y a, à la fois la perte de l'apprentissage, de la scolarité au sens strict du terme, mais aussi une perte de sociabilité."
"N'oublions pas ces enfants ukrainiens"
À cela, s'ajoutent des troubles psychologiques : "Anxiété, dépression aussi... On a beaucoup insisté sur les troubles anxieux parce que ce sont des enfants qui se réveillent souvent la nuit à cause des alertes, qui doivent descendre dans les abris en pleine nuit. Ce sont des enfants, pour quasiment l'intégralité, qui n'ont pas leur père à la maison puisque tous les hommes sont au front, et qui ne sont élevés que par leur mère. Avec tout ce que ça veut dire aussi pour les mères de charge mentale de s'occuper de leurs enfants sans leur mari, sans la certitude d'avoir suffisamment de vivres, de quoi se chauffer etc."
"Une anxiété permanente chez les mamans qui se répercute chez les enfants."
Adeline Hazan, Unicef Franceà franceinfo
Selon l'Unicef, au moins 2 000 enfants ont été tués ou blessés depuis le début de la guerre, fin février 2022. Créer une bulle où les plus petits entendent le moins possible parler de la guerre et de ses morts : les équipes de l'Unicef s'y efforcent avec la complicité des enseignants ukrainiens qui ont choisi de rester dans leur pays. "Il y a beaucoup de travail fait sur la gestion des émotions des adolescents et des petits pour qu'ils arrivent à exprimer leur angoisse. L'idée, c'est d'arriver à faire en sorte qu'ils puissent avoir des moments d'enfance et d'adolescence normale, dans une vie qui est complètement anormale. La guerre, c'est complètement antinomique avec l'enfance."
Unicef France relance un appel aux dons. "N'oublions pas ces enfants ukrainiens, ne les laissons pas au bord de la route", même si "l'émotion est passé", lance Adeline Hazan. C'est toute une génération qui grandit avec le traumatisme de la guerre. D'où l'importance du soutien financier apporté aux ONG dont la priorité est de protéger les enfants alors que l'élan de générosité s'est essoufflé depuis l'invasion russe de l'Ukraine.
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