Ukraine, Géorgie, Crimée... Quand des candidats de l'Eurovision dénoncent les guerres de Vladimir Poutine
En chansons, plusieurs délégations ont porté la critique face aux attaques de la Russie.
La Russie ne pourra pas être représentée à l'Eurovision de la chanson cette année. Le pays est exclu par l'organisateur, l'Union européenne de radio-télévision (UER) qui ne voulait pas entacher la réputation de l'événement après l'invasion de l'Ukraine par Moscou. "Nous restons déterminés à protéger les valeurs d'un concours culturel qui favorise les échanges internationaux et la compréhension mutuelle, rassemble les publics, célèbre la diversité à travers la musique et unit toute l'Europe sur une même scène de spectacle", explique aussi l'UER dans un communiqué publié vendredi.
En 2016, Jamala et la chanson "1944"
La Russie a créé plus d'une fois des turbulences dans la tenue du concours. Les conflits emmenés par Vladimir Poutine ont conduit des artistes à protester de différentes manières. En 2016, la chanson 1944 est défendue par l'Ukraine et aborde la déportation par Staline des Tatars de Crimée. Elle trouve une résonance particulière lorsque la Russie annexe e, 2014 la Crimée, un territoire ukrainien.
Jamala, Tatare de Crimée elle-même, chante ainsi : "Quand les étrangers arrivent, ils viennent chez toi, ils vous tuent tous et ils disent ne pas être coupables." Le titre aurait pu être recalé pour sa connotation politique. Il enjambe le règlement avec la justification de traiter d'un fait historique. Jamala remporte l'Eurovision.
En 2007, "Russia Goodbye" avec des paillettes
Verka Serduchka se fait remarquer dans la décennie précédente avec son costume disco et ses rythmes électro-pop. Une excentricité digne de l'Eurovision pour certains. Mais une critique réussie pour le chanteur ukrainien qui présente Dancing. Le refrain scande "Russia Goodbye" ("Au revoir la Russie").
"Comme les paroles n'avaient pas été écrites, les Ukrainiens ont dit que c'était une langue inventée, qu'il disait 'Dancing Lasha Tumbai'. Et c'est passé comme ça", rappelle Torbjorn Ek, journaliste musical, interrogé dans le documentaire "Eurovisions" sur Arte. "Mais quiconque écoute la chanson entend quelqu'un qui ne parle pas bien anglais et qui dit 'Russia goodbye'. Et c'est devenu un vrai tube."
En 2009, la Géorgie cible le président russe
Autre exemple en 2009, lorsque la Russie reçoit le concours après l'avoir remporté. La Géorgie en profite pour envoyer un message engagé. Car un an plus tôt, un conflit armé a opposé les deux pays. La Géorgie entend adresser cette missive : "We Don't Wanna Put In". Interprétée, les oreilles attentives décèleront un "We don't want Poutine", soit "On ne veut pas de Poutine". La chanson ne passe pas. Les organisateurs de l'Eurovision la jugent politique. La Géorgie refuse de changer les paroles et ne peut dès lors plus concourir.
En 2014, Conchita Wurst critiquée par le Kremlin
Politique, le rendez-vous peut l'être aussi lorsque sont récompensés des artistes qui incarnent des idées, des idées de tolérance notamment. On se souvient évidemment de Conchita Wurst. La drag queen autrichienne triomphe à l'Eurovision en 2014. À l'époque, Vladimir Poutine n'avait pas du tout apprécié cette victoire. Il faut dire que la fierté et les droits LGBT ne reflète pas la vision promue par le maître du Kremlin qui réprime brutalement les minorités.
D'ailleurs, derrière les opérations militaires russes en Ukraine de ces derniers jours, il faut voir un message idéologique de Vladimir Poutine, selon Dominique Derda. Pour l'ancien correspondant de France Télévisions à Moscou, "ces opérations sont aussi contre les valeurs que représente la culture occidentale. Vladimir Poutine montre qu'il n'a que mépris pour cette Europe qu'il considère comme décadente".
La finale de l'Eurovision 2022 se tiendra en mai à Turin en Italie et sera diffusée auprès de 200 millions de téléspectateurs à travers le monde. Une tribune impressionnante pour ceux qui décideraient de porter la contestation, une fois de plus, à l'adresse de la Russie.
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