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Vidéo En Russie, où la dernière radio indépendante a cessé d'émettre, "après le métier de mineur, celui de journaliste est le plus dangereux", selon son rédacteur en chef

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Journaliste en Russie
En Russie, où la dernière radio indépendante a cessé d'émettre, "après le métier de mineur, celui de journaliste est le plus dangereux", selon son rédacteur en chef Journaliste en Russie (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions

En Russie, où les rares médias d'opposition ont été réduits au silence depuis l'offensive en Ukraine, une équipe d'"Envoyé spécial" s'est entretenue avec le rédacteur en chef de la dernière radio indépendante. L'Echo de Moscou a dû se taire le 3 mars dernier, tandis que les tentatives d'intimidation se multiplient contre les opposants à la guerre et à la politique de Vladimir Poutine.

Dans la Russie de Vladimir Poutine, où l'"opération spéciale" en Ukraine se double d'une impitoyable campagne de propagande, les derniers médias indépendants ont été muselés par deux nouvelles lois : employer le mot de "guerre" ou critiquer l'action de l'armée est désormais passible de peines de prison pouvant aller jusqu'à quinze ans.  

Pour mieux isoler la population, les réseaux Facebook, Instagram et Twitter ont été bloqués. Même le plus célèbre journal d'opposition, Novaïa Gazeta, a dû se résoudre à suspendre sa publication. Quant à la dernière radio indépendante, l'Echo de Moscou, elle a été interdite de diffusion le 3 mars 2022. Elle employait 180 personnes, pour 1 million d'auditeurs. Une équipe d'"Envoyé spécial" a pu rencontrer son rédacteur en chef dans la capitale russe. 

Une tête de cochon sur le palier, un autocollant antisémite sur la porte d'entrée

"On ne peut rien faire quand tout l'Etat est contre vous, à commencer par le président lui-même", réagit Alexeï Venediktov, qui s'attendait à cette interdiction. Ses relations au Kremlin le lui ont confirmé : "Les ordres viennent directement du sommet de l'Etat."

"Je pense qu'en Russie, après le métier de mineur, celui de journaliste est le plus périlleux, poursuit-il. C'est celui où vous êtes le plus agressé, le plus menacé." Alexeï Venediktov montre une photo sur son smartphone : devant la porte de son domicile, une tête de cochon a été déposée par un faux livreur. Au-dessus, un autocollant antisémite a été placardé. Ces tentatives d'intimidation sont-elles à prendre au sérieux ? "Ce n'est ni la première, ni la dernière fois", soupire le rédacteur en chef. Et d'ajouter, en français : "Risques du métier..."

Extrait de "Russie : la guerre des mots", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 28 avril 2022.

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