: Vidéo La relation entre la Russie et l'Ukraine en cinq dates marquantes
De l'ukrainisation voulue par Lénine à l'invasion lancée par Poutine, cinq dates pour comprendre les tensions entre la Russie et l'Ukraine.
1922 : l'Ukraine intègre l’URSS
Considérée par la Russie comme le berceau de sa nation, l'Ukraine appartient d'abord à l'Empire russe, puis intègre l'URSS dès sa création. "Lénine s'engage dans une politique dite "d'ukrainisation" de l'Ukraine. C'est une politique qui se caractérise notamment par le développement de l'usage de la langue ukrainienne à tous les échelons de la société et de l'État, alors que par le passé, durant l'Empire russe, cette langue était minimisée, voire interdite", explique Adrien Nonjon, docteur en histoire à l'Inalco, spécialiste de l'Ukraine.
1932 : Staline déclenche une famine en Ukraine
En 1929, Staline met fin de manière brutale à l'ukrainisation. Il a pour projet de faire de l'URSS une grande puissance économique grâce à l'industrialisation massive du pays et surtout à la collectivisation des terres. "Cette nationalisation des terres culmine en 1932-1933 en Ukraine avec ce qu'on appelle "l'holodomor", soit l'extermination par la faim", développe Adrien Nonjon. Cette famine a fait 2,5 à 5 millions de morts. Aujourd'hui encore, cet événement résonne en Ukraine. "Il est considéré comme une tragédie nationale mais aussi, depuis 2006, comme un génocide orchestré par la Russie soviétique", explique l'historien.
1991 : l'Ukraine proclame son indépendance
Le 1er décembre 1991, l'Ukraine organise un référendum sur son indépendance. Le "oui" l'emporte à 80 % et, une semaine plus tard, l'Ukraine annonce à Minsk, avec la Biélorussie et la Russie, la dissolution de l'URSS. "Cette indépendance représente une perte de croissance d'influence en Europe et c'est aussi la disparition d'un partenaire de poids économique", explique Adrien Nonjon. En plus de ça, on peut parler de la perte d'un symbole politique et mémoriel : "L'Ukraine représentait pour la Russie non seulement un petit frère, mais aussi le bassin civilisationnel du monde slave."
2013 : la révolution de Maïdan
La révolution de Maïdan a lieu en novembre 2013 à la suite de la non-ratification, par le président Ianoukovytch, des accords de libre-échange entre l'Ukraine et l'Union européenne. Il propose de se réorienter vers un autre projet économique, russe, qui est celui d'union douanière eurasiatique. Pour la majorité de la population, c'est une trahison. Cela va donc provoquer une mobilisation, principalement portée par les jeunes. "Pour beaucoup, il n'est plus simplement question de signer de simples accords de libre-échange, mais de remplacer le président", explique Adrien Nonjon. Très rapidement, le président Viktor Ianoukovytch va être destitué.
2014 : la Russie annexe la Crimée
Avant 2014, la Crimée est une République autonome rattachée à l'Ukraine. "Très rapidement, il y a eu un narratif qui s'est construit, un mythe autour de la prise de pouvoir par les fascistes ukrainiens au service de la révolution du Maïdan, des États-Unis et de l'Europe et ça, ça a fait très peur aux populations russes qui, très rapidement, se sont organisées en plusieurs mouvements de protestation, notamment en Crimée", développe l’historien. Cela a ainsi permis à Vladimir Poutine de prétexter la protection des populations russes de la péninsule pour dépêcher des commandos secrets qui appuieront la tenue d'un référendum, le 18 mars 2014, sur le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie. "La prise de la Crimée, si vous voulez, c'est l'étincelle", conclut Adrien Nonjon.
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