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Merkel en guest star des meetings de Sarkozy : "Ça ne fera pas l'élection !"

José Luis Zapatero a soutenu Ségolène Royal en 2007, la chancelière allemande doit appuyer la candidature (quand elle sera officielle) du président français. Mais à quoi ça sert ? Réponse de Frédéric Dabi, de l'Ifop.

Article rédigé par Salomé Legrand - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La chancelière allemande Angela Merkel lors d'un conseil européen, le 4 février 2011 à Bruxelles. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Angela Merkel en guest star pour soutenir Nicolas Sarkozy. La CDU, son parti, l’a annoncé samedi 28 janvier : la chancelière allemande participera "au printemps" à des meetings électoraux avec le président français.

Un peu comme le 19 avril 2007, quand le Premier ministre socialiste espagnol, José Luis Zapatero, était venu soutenir Ségolène Royal lors de son dernier meeting avant le premier tour, à Toulouse. Mais à quoi ça sert et quel impact ont ces soutiens ? Trois questions à Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondage Ifop.

Que cherche Nicolas Sarkozy en faisant appel à Angela Merkel ?

L’objectif, c’est de renforcer encore l’idée d’un partenariat franco-allemand, d’un axe fort entre la France et l’Allemagne. Et cette démarche remporte l’adhésion des Français. Nous avons récemment publié une étude qui montre, par exemple, que 62 % des Français estiment que la France doit s’inspirer davantage du modèle allemand. Mais attention, adhésion ne veut pas nécessairement dire vote.

Par ailleurs, en faisant cela, Nicolas Sarkozy rompt avec ce que l’on voit traditionnellement lors des campagnes présidentielles en France. Généralement, ce sont plutôt des moments de célébration, de valorisation du modèle français. Les électeurs font le vide autour d'eux et se concentrent sur l'Hexagone. On pense par exemple à François Hollande, qui a déclaré lors de son meeting au Bourget, le 22 janvier : "La France n’est pas un problème, la France est la solution." Mais là, avec la crise, la donne a changé, l’Europe est devenue une question très importante, donc c’est difficile à prévoir.

Pour l’instant, ce que l’on constate, c’est que les Français ont surtout un jugement très sévère sur le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy, ils pensent essentiellement aux promesses non tenues.

Est-ce que les Français sont sensibles à ce genre de démarche ?

Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact exact de cette annonce de la présence d'Angela Merkel à certains meetings sur l’opinion. Ce qui est sûr, c’est que cela représente un acte fort. C’est assez rare, mais cela relève surtout du symbole. Et une campagne électorale est faite de ce genre de moments très forts, mais je ne pense pas que la venue d’Angela Merkel soit centrale dans cette campagne, essentiellement marquée par les questions économiques.

En fait, c’est le genre de choses dont on parle beaucoup, mais qui restent assez marginales dans le jugement des Français. Cela n’inverse pas la tendance, cela peut éventuellement l’infléchir, mais ça ne fera pas l’élection.

José Luis Zapatero participe à un meeting de Ségolène Royal, le 19 avril 2007 à Toulouse. (PASCAL PAVANI / AFP)

On se souvient que José Luis Zapatero était venu soutenir Ségolène Royal en 2007…

Oui, et il y avait aussi [le Britannique] Tony Blair, pourtant travailliste, qui avait participé à des meetings de l’UMP. A l’époque on n’avait pas sondé l’impact de ces soutiens sur l'opinion publique, mais de toute façon, c’était resté un épiphénomène de la campagne.

D’autant plus que, dans le cas de Ségolène Royal, l’axe franco-espagnol est beaucoup plus faible que l'axe franco-allemand que Nicolas Sarkozy cherche à mettre en scène. Je pense que cela va être intéressant de suivre comment cet axe va être construit et exploité, à droite comme à gauche, dans la campagne. 

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