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Agressions sexuelles, loi du silence… Les migrantes témoignent de leur réalité dans les camps de réfugiés de Lesbos, en Grèce

La Grèce fait toujours face à l'intenable situation des migrants. Parmi eux, beaucoup de femmes et de jeunes, victimes d’agressions sexuelles. 

Article rédigé par Angélique Kourounis - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Amani, enseignante syrienne réfugiée dans un camp de Lesbos, en Grèce.  (ANGÉLIQUE KOUROUNIS / RADIO FRANCE)

La Grèce fait toujours face à l'intenable situation des migrants. Ils sont environ 60 000 dans le pays, selon le ministère de l’Immigration. Un quart d'entre eux sont regroupés sur les îles dans l’attente de l’étude de leur dossier. Parmi eux, beaucoup de femmes et de jeunes sont victimes d’agressions sexuelles. Ce sujet est difficile à aborder même si les témoignages de victimes et d'associations se multiplient, comme a pu le constater franceinfo, dans un camp de Lesbos.

C'est difficile de parler pour Amani, jeune professeure d'anglais d'environ 30 ans, arrivée en Grèce tout droit de Syrie il y a quelques mois. On a dû s'éloigner de la grande salle commune pour qu'elle accepte de témoigner de son agression. "Lorsque j'étais logée dans la grande tente, un homme a essayé de me toucher, c'est vrai, et personne n'a rien fait", témoigne-t-elle.

"Cet homme était de mon pays, du coup, si j'en avais parlé à quelqu'un, tout le monde l'aurait appris et c'est moi qui en aurait souffert, c'est comme ça."

Amani, réfugiée syrienne

à franceinfo

Pour Amani, le problème, c'est la promiscuité imposée dans les camps. "Pendant 24 jours, je suis restée dans la grande tente. Après, bien que je sois seule, ils m'ont mise avec les familles, avec les hommes, les enfants, tout le monde", raconte la jeune femme. 

Des initiatives pour soigner et libérer la parole

Dans les camps de réfugiés, en cas d'agression sexuelle, ce sont les victimes, les femmes, qui sont stigmatisées, surtout si l'agresseur est également un migrant. Face au monde extérieur, c'est la loi du silence. Aussi, Nikita Kanakis, président de Médecins du monde à Lesbos, a installé son cabinet gynécologique dans le camp de Kara Tepe. C'est un espace de paroles, où les hommes n'ont pas accès. "C'est pour pouvoir offrir à la fois des soins appropriés et d'autre part du soutien psychologique. C'est au médecin, une fois la porte fermée, que tu vas dire ce qui se passe vraiment", nous explique-t-il.

"Pour nous, c'est aussi important de soigner que d'écouter ce que les patientes ont à nous dire."

Nikita Kanakis, gynécologue à Médecins du monde

à franceinfo

Récemment, il a même été question d'agressions sexuelles commises par des humanitaires contre des réfugiés. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) suit l'affaire de très près et "des investigations doivent être faites", souligne Astrid Gasline. Selon les bénévoles qui travaillent dans les camps, pour une agression dénoncée, au moins dix sont passées sous silence. Dans certains camps du continent, il est même question de trafic sexuel et de prostitution pour financer un passage vers le nord de l'Europe. Des enquêtes là aussi sont ouvertes, sans aucun résultat pour l'instant. 

Reportage à Lesbos d'Angélique Kourounis pour franceinfo

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