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Après la crise sur l'accueil des migrants de "L'Aquarius", un député LREM "aurait préféré que la France réagisse plus tôt"

Florent Boudié, député LREM de Gironde, juge, mercredi sur franceinfo, que la France "doit prendre le leadership" sur ce sujet après la polémique autour du sort des migrants sur le bateau de SOS Méditerranée "L'Aquarius".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Florent Boudié, député LREM de la Gironde et responsable du texte Asile et immigration, le 13 juin 2018. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Après l'épisode des migrants sur le bateau de SOS Méditerranée L'Aquarius, Florent Boudié estime, mercredi 13 juin sur franceinfo, que l'Union européenne est face, aujourd'hui, à un manque de solidarité de ses pays membres. Le député LREM de la Gironde et responsable du texte Asile et immigration juge que la France "doit prendre le leadership" sur ce sujet, quitte à "en passer par des coopérations renforcées" entre membres de bonnes volontés. Le sort de L'Aquarius tourne en effet à l'incident diplomatique et à la polémique politique. Les 629 migrants, secourus au large de la Libye entre samedi et dimanche par le bateau humanitaire qui parcourt la Méditerranée, sont en route vers l'Espagne, mercredi matin. Rome a peu apprécié les commentaires de Paris sur la "part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien", après son refus d'accueillir L'Aquarius.

franceinfo : La France a-t-elle été à la hauteur de cette crise humanitaire urgente qu'a été L'Aquarius ces trois derniers jours ?

Florent Boudié : La polémique n'est pas née de la France, mais de la position du gouvernement italien, de la coalition d'extrême droite et d'extrême gauche ainsi que les propos obscènes du ministre de l'Intérieur, qui sur les réseaux sociaux s'est félicité en criant victoire d'avoir réussi à refouler un bateau dans lequel il y a des personnes en détresse. Ce n'est pas une victoire, c'est une défaite de la pensée, une défaite morale et une défaite pour le respect des droits humains. Quant à la position française, j'aurais préféré, à titre personnel, que la France réagisse plus tôt. Mais la France sera aux côtés de l'Espagne.

La question n'est pas de savoir si on applique je ne sais quel article d'une convention internationale sur le droit maritime. C'est une question de principe et de conscience.

Florent Boudié

à franceinfo

Le Premier ministre, hier [mardi], a proposé qu'un certain nombre de réfugiés, ce sera décidé dans les prochains jours, puissent être accueillis en France. Il le faut parce qu'il y a une violation des règles internationales par l'Italie, c'est un fait. Mais ce n'est pas une question de droit. En conscience, le président de la République a mis bon ordre à cette situation, en revendiquant que la France puisse être aux côtés de l'Espagne. Ce sera le cas.

Le malaise était apparemment palpable à la réunion de groupe LREM, mardi, à l'Assemblée nationale...

C'est une situation que j'ai vécue en tant que responsable sur le projet de loi Asile et immigration, qui d'ailleurs est au Sénat en ce moment [mercredi matin]. Ces regrets exprimés par un certain nombre de collègues, sont des regrets d'humanité. Je note qu'aujourd'hui que la France sera aux côtés de l'Espagne. D'une certaine façon, voilà ce qui compte, c'est l'essentiel. Mais il faut écouter ces paroles qui réclament de l'humanité et de la prise de conscience d'une situation humanitaire. Il faut les écouter parce que nous sommes dans un contexte européen avec des démocraties qui ont basculé dans des systèmes quasi-autoritaires, si ce n'est pas illibéral. Avec des coalitions d'extrême gauche et d'extrême droite, avec l'Autriche... Il faut par conséquent rappeler aussi ce qui doit être l'honneur de la France. Ce qui doit être l'honneur de l'Europe.

Quelles sont les solutions concrètes ?

Le président de la République, à la Sorbonne au mois de septembre, avait montré la voie. Ce sont d'ailleurs des propositions qu'il a relayées auprès de la chancelière allemande et il y aura un conseil franco-allemand la semaine prochaine. Il faut véritablement créer une agence européenne d'asile, qui soit commune. C'est la proposition de la France. Le système Dublin, adopté en 2013, fait reposer la pression sur les pays de premier accueil, c'est-à-dire les pays du Sud : la Grèce, l'Italie, l'Espagne. Par conséquent, on ne peut pas laisser nos partenaires européens répondre dans ces conditions, souvent bien seuls, avec un manque de solidarité européenne. Il faut que la France, c'est l'intention du président de la République, prenne le leadership dans ce sujet et emmène avec elle les États membres de l'Union européenne qui sont prêts à bouger. S'il faut en passer par des coopérations renforcées, si les 27 États membres de l'Union européenne ne sont pas en capacité de répondre à cette situation, alors apportons des réponses avec ceux de nos partenaires européens qui sont prêts. Manifestement, c'est le cas de l'Espagne.

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