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"Ouvrez-nous les portes, nous sommes des êtres humains", supplient les rescapés à bord de l’"Aquarius"

Franceinfo est l’un des rares médias à avoir une journaliste à l’intérieur du bateau humanitaire, qui attend toujours un port d’accueil. Les migrants, comme les bénévoles à bord, s’impatientent.

Article rédigé par franceinfo - Maurine Mercier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le navire humanitaire Aquarius, affreté par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, le 1er août 2018. (BORIS HORVAT / AFP)

"La réponse à la question où on va, on ne l’a pas encore", lance Aloïs, bénévole à Médecins sans frontières aux rescapés de l’Aquarius. Le navire attend toujours, mardi 14 août, de trouver un port d’accueil, alors qu’il a secouru 141 personnes au large de la Libye vendredi.

"On demande expressément aux dirigeants européens de respecter les droits de ces personnes qu’on a à bord et juste de faire preuve d’un minimum de décence pour ces vies humaines, qui sont fragiles et vulnérables et qui ont des droits comme n’importe quel humain", affirme Aloïs.

Au moins cette fois-ci, ce sont des vivants que j’ai avec moi. On les traite avec dignité, ce que les autorités ne font pas.

Tanguy, marin-sauveteur

à franceinfo

Les bénévoles des deux ONG - SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, qui ont affrété le bateau - s’attendaient à devoir affronter cette situation. Mais peut-on s’habituer à devoir expliquer à des personnes ayant fui des prisons en Libye qu’elles vont devoir patienter avant de pouvoir dormir sur autre chose qu’un pont brûlant en acier ? "Dans la mesure où je me suis habitué à ramasser des cadavres, je peux bien m’habituer à attendre", grince Tanguy, marin-sauveteur, à bord de l’Aquarius depuis deux ans.

Attente et incompréhension

À bord, on tue le temps comme on peut. Un homme se plaint de douleurs, parce qu’il y a quelques mois, des Libyens lui ont tiré une balle dans le bras. Pour la lui retirer, il faudra attendre d’être à quai.

Aujourd’hui, c’est l’Afrique qui a des problèmes. Mais demain ça peut être vous les Français, vous les Européens.

Une rescapée

à franceinfo

Une jeune femme chante. Originaire de Côte d’Ivoire, elle n’avait jamais pensé un jour devoir se rendre en Europe. Elle vivait en Libye avant la chute de Khadafi. Lorsque le pays a basculé, elle a été vendue, raconte-t-elle : "Pour la prostitution". Pour y échapper, elle n’avait pas d’autres choix que de traverser la Méditerranée. "Quand les Français se déplacent et qu’ils arrivent en Côte d’Ivoire, à l’aéroport c’est écrit 'Bonne arrivée'. Arrêtez de dire que vous ne voulez plus des immigrants. Ouvrez-nous les portes, on ne va pas exploiter toute votre richesse. Ouvrez-nous les portes, nous ne sommes pas venus violer vos lois. Ouvrez-nous les portes, nous sommes des êtres humains."

"Quoi qu’il arrive, vous n’allez pas retourner en Libye", affirme Aloïs, le bénévole, aux rescapés. "On n’a pas le droit de vous ramener dans cet endroit qui est jugé non-sûr", rappelle-t-il, en français et en anglais, sous les applaudissements des migrants.

Le reportage franceinfo à bord de l'Aquarius de Maurine Mercier

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