Crise migratoire : "Nous avons besoin d'une vraie politique publique d'accueil"
La présidente de Médecins du Monde, Françoise Sivignon, a dénoncé jeudi sur franceinfo "la faiblesse structurelle de la politique d'accueil, de protection et d'intégration sur le territoire français" des réfugiés en France.
Un plan d’urgence a été présenté par la maire de Paris pour faire face à l’afflux de réfugiés. Le centre d'accueil situé Porte de la Chapelle a dépassé ses capacités et 1500 migrants campent actuellement sur les trottoirs.
Dr Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde, invitée sur franceinfo, salue l'initiative d'Anne Hidalgo, mais estime que l'effort doit être porté au niveau national et appelle à "une refonte des systèmes de pilotages de l'action publique". Elle alerte également sur le sort des 10 000 mineurs migrants, actuellement "en errance sur le territoire français".
franceinfo : Anne Hidalgo propose une loi pour favoriser l'accueil des migrants et une répartition sur l'ensemble des territoires, est-ce nécessaire ?
Françoise Sivignon : Ce qui était nécessaire surtout, c'est de comprendre l'ampleur de tout ce qui se passe sur le territoire français avec des gens qui vivent dans des conditions indignes. On réalise la faiblesse structurelle de la politique d'accueil, de protection et d'intégration sur le territoire français. Le plan national qui doit être annoncé la semaine prochaine par le ministre de l'Intérieur est très attendu. Nous regrettons par ailleurs qu'il n'y ait pas eu de concertation avec la société civile car même si nous nous réjouissons de l'annonce de Anne Hidalgo nous émettons une réserve. Nous sommes pour une politique de l'accueil inconditionnel mais Anne Hidalgo parle de "migrants humanitaires". Ils sont tous des "migrants humanitaires" il y a quelque chose à nuancer là.
"Ce que propose Madame Hidalgo pour les migrants va dans le bon sens, maintenant nous attendons un plan National" Dr Françoise Sivignon pic.twitter.com/Fl9rNpGZPS
— franceinfo (@franceinfo) 6 juillet 2017
Pour l'instant, les propositions des politiques ne seraient que des effets d'annonces, des "mesurettes" face à une situation extrêmement sérieuse ?
Oui nous sommes face à une situation très sérieuse, à Calais, à Paris ou à la frontière franco-italienne. Nous avons besoin d'une vraie politique publique et d'une vraie refonte des structures de pilotages. Le ministre va revenir devant les parlementaires pour proposer une loi à l'échelle nationale et encore une fois, nous regrettons de ne pas avoir été sollicités.
Quelle est la politique en France d'accueil des migrants pour le moment ?
Il y a des efforts avec des structures d'accueil mais celles-ci sont saturées. Les demandes d'asiles aussi doivent être raccourcies. Ainsi que les migrants mineurs non accompagnés s'élèvent actuellement à plus de 10 000 sur le territoire. Ce ne sont pas des migrants, ce sont des enfants. Ils sont en errance sur le territoire français. La France doit les protéger. Elle a signé la convention nationale des droits de l'enfance mais ne la respecte pas. Les enfants qui arrivent ne sont ni accueillis, ni protégés. Il faut bien évidemment mettre un effort particulier sur ces enfants.
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