Des réfugiés font revivre l'île grecque de Tilos : "une belle réussite"
En Grèce, des migrants sont accueillis à bras ouverts sur l'île de Tilos, en mer Égée. Hébergées aux côtés d'habitants touchés par la crise, dix familles syriennes se reconstruisent. L'île espère capitaliser sur leur présence.
Des ONG reprochent à la communauté internationale, et au gouvernement grec en particulier, d’abandonner des réfugiés à leur sort. Pourtant, l'île grecque de Tilos, en mer Égée, fait figure d'exemple. Dans des conditions de dignité exemplaire, dix familles syriennes, avec cinq enfants chacune, y sont accueillies à bras ouverts, aux côtés d’habitants touchés par la crise. L'île espère ainsi les inciter à s'installer définitivement.
À Tilos, on ne parle pas réfugiés ou d'immigrés mais de nouveaux arrivants. Leur camp d'accueil est installé tout près du port. Il n'est pas situé à l'écart, mais bien dans le village. "Ici, c'est l'aire de jeux, et là, la buanderie", décrit avec fierté Elina Pissa, de l'organisation Solidarity now. Pas de barbelés ni de police à l'entrée du camp. Ici on se reconstruit et on prépare une vie totalement nouvelle.
L'île revit grâce à la présence des réfugiés
Cette vie est même totalement inattendue pour Mohsen, un général de l'armée syrienne âgé d'une quarantaine d'années, qui n'aurait jamais imaginé s'occuper de ses quatre enfants, alors que sa femme travaille. "Ma vie s'est beaucoup ouverte depuis la Syrie jusqu'ici. Quand j'étais à l'armée, j'étais un homme dur, dehors et à la maison." Sa vie d'aujourd'hui n'a plus rien à voir :
Je joue avec mes enfants, je cuisine, je m'occupe des enfants... Jamais je n'aurais imaginé que ma femme aille travailler. Mais ce que je fais aujourd'hui me plaît et je le fais avec conviction.
Mohsen, réfugié syrien réfugié à Tilosà franceinfo
Mohsen n'est pas le seul à avoir changé. Avec l'arrivée des réfugiés, c'est toute l'île qui a subi des transformations. Les familles nouvellement arrivées lui ont même donné une seconde chance, selon la maire de Tilos, Maria Kama. "Le camp de Tilos fait du bien à l'île à différents niveaux", explique l'élue. "Treize emplois permanents ont été créés et les Tiliotes qui avaient quitté l'île à cause du chômage sont revenus avec leur famille. L'année dernière, à la rentrée, entre crèche et le CP, il y avait 20 enfants dans les classes. Je n'ai jamais vu ça ! Ce n'est pas une belle réussite ?"
Moins de réfugiés, plus d'intégration
Avec la signature de l'accord entre l'Union européenne et la Turquie en mars 2016, les données ont changé. Les migrants sont censés être mieux filtrés à la frontière turque et mieux pris en charge dans les pays d'accueil. La maire a donc décidé de raisonner en termes d'intégration, ce qui passe par l'école. C'est Maria Kama qui assure les cours en anglais et en grec. "Les enfants ont soif d'apprendre, ils apprennent très vite", assure-t-elle. Ces familles de réfugiés syriens à Tilos sont prises en charge pendant six mois. Après, elles devront décider ce qu'elles veulent faire de leur vie. Beaucoup misent sur Tilos.
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