Migrants à Calais : pour les associations, la situation est pire qu’avant la "Jungle"
Entre 450 à 700 migrants vivraient à Calais aujourd'hui. Ils n'ont ni toilettes ni douches. Pour les associations, la situation est aujourd’hui pire qu’avant la "Jungle".
À Calais, dans le Pas-de-Calais, la situation ne s’améliore pas pour les migrants. Ils attendent toujours l’installation de toilettes et de douches pourtant imposés par le Conseil d’État, lundi 31 juillet, confirmant l'ordonnance du tribunal administratif de Lille. La maire de la Ville, Natacha Bouchart, refuse d’appliquer la décision. Quant à la préfecture, mercredi 2 août, elle a promis des installations "mobiles" d’ici la fin de la semaine.
Entre 450 à 700 migrants, selon les chiffres donnés par la préfecture et les associations, seraient encore présents sur place. Au total, seules 70 personnes sont parties vers les nouveaux Centre d'accueil et d'examen des situations (CAES). Les autres sont restés sur place. Ce sont tous ceux qui rêvent encore à l'Angleterre. Pour les associations, la situation est aujourd’hui pire qu’avant la "Jungle".
Mercredi, la distribution de l'association Utopia 56 a pris un peu de retard mais les migrants patientent le long du canal, près du beffroi de l'hôtel de ville de Calais. Ils attendent leur verre d’eau et leur repas de la journée. Ces migrants dorment dans les bois, sous les ponts, le long des routes. "Ils vivent vraiment comme des animaux, déplore Maya Konforti, de l’association L'Auberge des migrants. Pas d'endroit pour dormir. Jamais la paix pendant plus de 2 ou 3 heures, pas d'endroit pour aller aux toilettes, pas de douches."
La désillusion des migrants
C’est le premier jour d’Abdul à Calais. Il est Oromo, une tribu éthiopienne persécutée. Il a décidé de fuir l'Allemagne où sa demande d'asile vient d'être rejetée. "Si je rentre en Éthiopie, ils vont me tuer ou me mettre en prison jusqu’à la fin de mes jours", assure Abdul.
Je tente l’Angleterre. Peut-être que ça marchera. Je ne sais pas mais je dois essayer tant que je suis vivant.
Abdul, demandeur d'asile éthiopien
Deux nouveaux centres ont ouvert dans la région, avec la promesse d’un examen plus rapide des situations. Mais, certains n'y croient plus comme cet Iranien rencontré à Calais. Il a quitté la "Jungle" il y a un an pour un centre d’accueil dans l’Hérault. Depuis, le centre a fermé ses portes et lui est retourné à Calais. Aujourd'hui, il se dit "effondré" et attend toujours une réponse à sa demande d’asile. "Je n’ai aucune option, je ne suis pas expulsable, mais sans autorisation non plus de rester ni d’aller ailleurs en Europe. L'Angleterre ? Pour payer un passeur, c’est beaucoup trop cher ! Je dois rester et attendre que quelque chose arrive", explique-t-il.
Pour les associations, seuls 10% des migrants sont concernés par ces deux nouveaux centres. Les autres, en s’y rendant, risquent l’expulsion vers l’Italie, point d’entrée en Europe, ou vers leur pays d’origine.
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