Migrants, étrangers fichés : la surenchère à droite de trois ténors des Républicains

A droite toute. Tel semble être le mot d'ordre de plusieurs ténors des Républicains, à trois mois des élections régionales et un an avant la primaire qui doit désigner le candidat du parti à la présidentielle de 2017.

Bruno Le Maire, Xavier Bertrand et Christian Estrosi surenchérissent dans l'appel aux mesures sécuritaires, quitte à emboîter le pas à la présidente du Front national, Marine Le Pen. Xavier Bertrand, le député de l'Aisne, confronté directement à la présidente du FN pour les régionales en Pas-de-Calais, a ainsi appelé à expulser de France les "clandestins" de Calais, à l'opposé de la ligne suivie désormais par la chancelière allemande Angela Merkel. L'Allemagne a annoncé qu'elle ne renverrait plus les demandeurs d'asile dans leur pays d'entrée en Europe.

Si François Fillon et Alain Juppé ont prévu d'évoquer ces sujets plus tard, lors de la publication de leurs livres programmatiques, le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, devrait s'exprimer, selon Le Figaro, "au plus tard samedi  [5 septembre] à La Baule", à l'université d'été des Républicains. En attendant, passage en revue des propos de ses possibles challengers à la primaire 2016, qui ciblent notamment les étrangers qui font l'objet d'une fiche S (fichier de personnes qui pourraient porter atteinte à la sûreté de l'Etat).

Bruno Le Maire veut expulser les étrangers visés par une fiche S

Bruno Le Maire, probable candidat à la primaire, s'est dit favorable, dimanche 30 août lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, à l'expulsion immédiate de France de "tous les ressortissants étrangers" visés par une fiche S. La présidente du Front national, Marine Le Pen, avait réclamé cette même mesure à la suite de l'attaque du Thalys. Le ressortissant marocain mis en examen pour cet assaut, Ayoub El Khazzani, faisait l'objet d'une fiche S des services de renseignement français. Cette fiche permet un suivi discret en cas de contrôle.

Continuant sur sa lancée, le député de l'Eure a estimé qu'il fallait "arrêter, incarcérer, juger et expulser tous les ressortissants étrangers qui ont commis des actes de terrorisme ou qui seraient sur le point d'en commettre". L'ancien ministre des Affaires étrangères a enfin "demandé le rétablissement de la double peine pour tous les ressortissants étrangers qui ont commis des actes de terrorisme". C'est également un leitmotiv de la dirigeante du Front national. La "double peine", qui accordait à la justice française le droit d'expulser vers son pays d'origine un délinquant à l'issue de sa peine de prison, avait été réformée en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. 

Xavier Bertrand veut les emprisonner

Interrogé lundi 31 août par RTL sur la proposition de Bruno Le Maire, Xavier Bertrand a fait savoir qu'il souhaitait, lui, incarcérer les fichés S. "Je préfère les emprisonner, très clairement", rapporte Le Lab . Et le député de l'Aisne d'ajouter : "Ceux qui vont faire le jihad ne peuvent pas revenir en liberté. Ceux qui sont en train de préparer un acte terroriste en consultant des sites salafistes doivent aller en prison." 

Il a par ailleurs appelé à l'expulsion d'une partie des migrants de Calais : "Ceux qui sont clandestins, ceux qui s'introduisent sur Eurotunnel ou dans les camions en détruisant des bâches, donc en commettant des délits, doivent faire l'objet d'une obligation de quitter le territoire français." Tête de liste des Républicains aux élections régionales dans la région Nord-Pas-de-Calais, Xavier Bertrand y est opposé à Marine Le Pen pour le Front national. Dans cette région, le FN fait d'excellents scores et a remporté aux municipales la ville emblématique d'Hénin-Beaumont, fief socialiste depuis plusieurs décennies.

Enfin, toujours sur RTL, il a évoqué le cas des gens du voyage : "Certains membres de la communauté des gens du voyage font peur parce qu'ils sont armés jusqu'aux dents avec des armes de guerre." Des déclarations jugées "exagérées" par un gendarme cité par Le Figaro : "Ce n'est pas chez eux qu'on va trouver des kalachnikovs."

Christian Estrosi veut leur passer un bracelet électronique

De son côté, le maire de Nice, Christian Estrosi, a demandé sur Europe 1, le 31 août, que "tous ceux qui sont fichés de S1 à S6 dans notre pays aient un bracelet électronique qui, en passant sous un portique se déclenche automatiquement pour qu'on les empêche de monter à bord ou, en tout cas, qu'on effectue une fouille afin qu'ils ne constituent en aucun cas une menace pour autrui". 

La tête de liste des Républicains en Paca sera opposée pour la campagne régionale à Marion Maréchal-Le Pen pour le FN, un parti qui a également remporté plusieurs villes lors des municipales (Fréjus, entre autres).  Le ton de la campagne est déjà donné :  Marion Maréchal-Le Pen a annoncé, lundi 31 août, avoir déposé plainte pour diffamation contre Christian Estrosi, témoignant de la tension de cette campagne dans le Sud.