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Migrants : "Un drame se joue et l'Europe ferme les yeux", pour l'ONG SOS Méditerranée

Les 236 migrants, secourus en mer mardi au large de la Libye par l'équipe de l'Ocean Viking, sont arrivés ce samedi en Sicile.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Deux migrants regardent la mer sur le bateau Ocean Viking, affreté par l ONG SOS Mediterranee, le 23 mars 2021 (JEREMIE LUSSEAU / HANS LUCAS / AFP)

"Il y a un drame qui se joue en Méditerranée, et l'Europe ferme les yeux", a déclaré samedi 2 mai sur franceinfo Fabienne Lassalle, la directrice adjointe de l'ONG SOS Méditerranée, alors que les 236 migrants, secourus en mer mardi en Libye par l'équipe d'Ocean Viking, sont arrivés ce samedi en Sicile. "Il y a un refus de responsabilité des États, une totale défaillance", a-t-elle dénoncé.

franceinfo : Comment s'est passée cette arrivée en Sicile ?

Fabienne Lassalle : L'arrivée en Sicile s'est déroulée relativement correctement : au bout de plusieurs jours, nous avons eu l'information que le port d'Augusta en Sicile nous était ouvert pour débarquer ces 236 personnes. Ils sont arrivés ce matin à 9 heures : les autorités sanitaires sont venues, ont effectué des tests Covid-19.
Et puis peu à peu le débarquement a commencé. Il a débuté à 12 heures, il s'est terminé à 17 heures samedi.

Sur ces 236 personnes, il y a combien de nationalité différente ?

Il y a une dizaine de nationalités différentes, essentiellement d'Afrique subsaharienne et de la Corne de l'Afrique. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il y avait 130 mineurs, c'est tout à fait inhabituel dans ses proportions. Parmi eux, 119 non accompagnés, donc des enfants qui sont jetés seuls sur ces embarcations précaires et qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie. Alors des mineurs isolés, on en a toujours eu beaucoup : on sait que bien souvent, s'il y a une possibilité de fuir, les parents privilégient le fait que ce soit leurs enfants en premier qui puissent fuir la Libye, vu ce qu'ils subissent là-bas. La seule porte de sortie, c'est la mer, malgré les dangers. Beaucoup nous le disent : "plutôt prendre la mer, que de mourir en Libye."

Dans quel état physique et moral se trouvent ces personnes ?

La mer était très mauvaise ces derniers jours. Quand ces persones sont récupérées, elles sont transies de froid, désydratées et très perturbées. Elles ont également toutes les séquelles physiques de leur passage en Libye. Je pense à tous ces mineurs qui ont été battus, passés à tabac, parce qu'ils hésitaient à monter dans les canoés. Jusqu'au dernier moment, ils se sont faits battre par les passeurs, donc ils sont souvent très traumatisés. Il faut un vrai temps à bord pour panser les plaies physiques et morales.

On se souvient de l'opération Mare Nostrum en 2013, de Triton l'année suivante. Toutes ces opérations ne permettent pas de déboucher sur une politique européenne ?

Depuis 2013, on n'a cessé de voir refluer, diminuer les moyens en mer, et notamment ce dégagement des États qui se sont dégagées en termes de moyens maritime, mais aussi de moyens aériens. Il y a un refus de responsabilité des États, une totale défaillance et effectivement, on n'arrive à rien, ce qui est déplorable. Les naufrages se succèdent et il y a de moins en moins de moyens pour aller les secourir.

Seuls les humanitaires sont présents, et encore : les quelques navires qui œuvrent sont plusieurs à être bloqués pour des raisons administratives par les autorités italiennes. Il y a un grand vide dans cette Méditerranée, un drame qui se joue, et l'Europe ferme les yeux. On a transféré la responsabilité de la coordination du sauvetage aux autorités libyennes, or les Libyens ne sont pas en capacité de mener cette mission.

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