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Présidence française de l'UE : "La priorité, c'est de renforcer le contrôle des frontières de l'Europe", analyse un spécialiste

Treize ans après sa dernière présidence, la France a de nouveau pris la tête du Conseil de l'Union européenne pour six mois. Pour Patrick Martin-Genier, la priorité sera de renforcer les contrôles aux frontières pour lutter contre l'immigration illégale.

Article rédigé par franceinfo
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Treize ans après sa dernière présidence, la France a de nouveau pris la tête du Conseil de l'Union européenne pour six mois.  (JULIEN DE ROSA / AFP)

La France a pris, samedi 1er janvier, pour six mois la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne qui représente les intérêts des 27 Etats membres face à la Commission et au Parlement européens. "La priorité, c'est de renforcer le contrôle des frontières de l'Europe", a analysé sur franceinfo Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et à l’Inalco, spécialiste de l’Europe. Selon lui, "la tâche d'Emmanuel Macron et des différents ministres, ce sera de trouver un consensus pour essayer de trouver les moyens de mieux protéger les frontières extérieures".

franceinfo : Quel sera le rôle de la France pendant les six mois de sa présidence ?

Patrick Martin-Genier : Il faut d'abord commencer par définir ce que ne sera pas cette présidence. Il existe un président permanent du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement. C'est le Belge Charles Michel. Ce ne sera pas non plus le chef de la diplomatie européenne qui est dirigé par Josep Borrel, qui est un Espagnol. Il s'agira plus concrètement de présider les instances spécialisées que sont les conseils des ministres. Emmanuel Macron et ses ministres seront présents des conseils des ministres spécialisés, c'est à dire l'environnement, l'économie, le travail. C'est une instance importante parce qu'elle participe au système législatif. Il s'agit de voter les règlements, les directives européennes qui sont très importantes. Et sur ce point, le président de la République peut dire quelles sont ses priorités. Il a parlé hier d'un engagement total. Il a des priorités pour l'Europe. Et c'est bien au sein de cette instance qu'il a l'intention de pousser ses idées pour l'Europe.

Comment fonctionnent ces conseils de ministres spécialisés ?

Personne ne connaît ce que c'est que ce conseil des ministres. Certes, ce sont des ministres français qui vont l'animer. Mais ce n'est pas un conseil des ministres au sens où on l'entend habituellement en France. En réalité, ils participent au système législatif. Le conseil des ministres, au niveau de l'Union européenne, vote les directives avec le Parlement européen. Donc, d'une certaine façon, on décide en France. Mais ce sont des propositions de directives qui sont votées par le conseil des ministres. On pourrait comparer ce conseil des ministres de l'Union européenne à une sorte de chambre haute des Etats, une sorte de Sénat. C'est l'image qu'on peut retenir de ce conseil des ministres qui vote à la majorité qualifiée les textes, les propositions de directives, de règlements, sur l'agriculture, sur l'environnement, voire sur la politique de l'asile, sur l'ensemble des orientations législatives qui sont proposées par la Commission et le Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement.

Quels sont les dossiers sur lesquels la France peut faire avancer les choses rapidement ?

Emmanuel Macron n'a pas évoqué hier la notion de souveraineté. Pourtant, le chancelier allemand l'a dit hier lors de ses vœux. La priorité, Emmanuel Macron l'avait dit lors de sa conférence de presse le 9 décembre dernier à l'Élysée, c'est de renforcer le contrôle des frontières de l'Europe. La problématique de l'immigration est une problématique très importante et donc il veut renforcer ces moyens de lutter contre l'immigration illégale. Est-ce qu'il y a consensus ? En tout cas, il y a une volonté de faire avancer la protection des frontières indépendamment des méthodes. On l'a bien vu avec la guerre hybride du Bélarus contre la Pologne et l'Union européenne. Oui, il y a une vraie volonté aujourd'hui de renforcer le contrôle des frontières. On parle de renforcer les effectifs des moyens matériels et financiers de Frontex, l'agence de garde-côtes européenne. La politique de l'asile, en revanche, est bien plus contestée. Il y a bien plus de divisions à ce niveau-là. Plusieurs pays européens ont toujours refusé d'accueillir un quota de migrants, de réfugiés. Et là, sur le pacte migratoire, sur le pacte de l'asile, il y a beaucoup de divisions. La tâche d'Emmanuel Macron et des différents ministres, ce sera effectivement de trouver un consensus pour essayer de trouver les moyens de mieux protéger les frontières extérieures, et sur la politique de l'asile de l'Union européenne.

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