"Renvoyer les migrants en Libye, c’est les renvoyer en enfer"
Depuis janvier 2017, 2000 migrants auraient perdu la vie en traversant la Méditerranée. Brut a interrogé Antoine Laurent, membre de SOS Méditerranée qui dénonce la volonté européenne de renvoyer les migrants en Libye.
Antoine Laurent est membre de l’association SOS Méditerranée, dans le cadre de son action associative, le jeune homme a déjà eu l’occasion de se rendre en Méditerranée pour venir en aide aux migrants sur leurs embarcations de fortune.
"Ils sont vraiment entassés à plus de 150 sur un bateau en plastique qui peut couler n’importe quand. [...] Et parfois vous avez les plus grosses journées qu’on a eues il y a eu jusqu’à 6000 personnes à secourir en une journée", raconte Antoine Laurent.
"Et c’est ça le grand danger", explique-t-il. Face aux poids et au nombre des occupants, les bateaux risquent de chavirer à tout moment. De leur côté, les associations sont démunies et manquent de moyens pour venir en aide à tous.
Depuis janvier 2017 : déjà plus de 2000 morts
Pour Antoine Laurent, les migrants n’entament pas un tel périple pour rien, ils ont une bonne raison de fuir : "vous pensez vraiment que celui, ou celle qui s’est fait torturer, qui s’est fait violer par plusieurs hommes en face de leurs enfants menacés, plusieurs fois par semaine, ils viennent en France parce qu’ils ont envie de remplir un formulaire de la CAF ?"
De son expérience en mer, l’apprenti sauveteur en garde des souvenirs poignants. "Je peux vous dire que quand ils vous agrippent, quand ils vous regardent au fond de vos yeux, pour vous demander de l’aide, qui que vous soyez, si vous êtes humain, vous y aller, vous leur tendez la main, vous les prenez", confie Antoine Laurent.
Face au flux migratoire en augmentation, l’Italie a demandé de l’aide à l’Union européenne. "Aujourd’hui ce que l’Union européenne cherche à faire c’est d’une part, de redonner à la Libye plus de souveraineté. [...] L’objectif c’est clairement de fermer la porte et de donner à la Libye le rôle de tampon, de barrière, face à la migration. [...] Renvoyer des migrants en Libye, c’est les renvoyer en enfer", conclut Antoine Laurent.
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