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"Revenu des ténèbres", le témoignage poignant d’un jeune migrant

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Dans "Revenu des ténèbres", écrit en collaboration avec Lionel Duroc et publié par XO Éditions, Kouamé témoigne de sa fuite à travers l’Afrique pour atteindre la France.
"Revenu des ténèbres", le témoignage poignant d’un jeune migrant Dans "Revenu des ténèbres", écrit en collaboration avec Lionel Duroc et publié par XO Éditions, Kouamé témoigne de sa fuite à travers l’Afrique pour atteindre la France. (BRUT)
Article rédigé par Brut.
France Télévisions

Dans "Revenu des ténèbres", écrit en collaboration avec Lionel Duroc et publié par XO Éditions, Kouamé témoigne de sa fuite à travers l’Afrique pour atteindre la France.

Cité par Emmanuel Macron dans son discours devant l’ONU en septembre dernier, Kouamé a pu le rencontrer au salon du livre, et en profiter pour dédicacer des exemplaires de son livre "Revenu des ténèbres" au Président et à la Première dame.

En écrivant cet ouvrage avec Lionel Duroc, il souhaite témoigner de ce qu’il a vécu pendant ses trois années de fuite à travers l’Afrique et sa traversée de la Méditerranée. À 14 ans, il a fui son pays après avoir vu ses parents se faire tuer sous ses yeux.

La traversée du désert

Une passeuse lui propose de traverser le désert dans un pick-up, avec 20 autres personnes, "assis les uns sur les autres, entassés" dans "la position d’un foetus". Ils savent que s’ils tombent du véhicule, le chauffeur ne s’arrêtera pas et ils seront livrés à eux-mêmes. Pour le trajet, chaque passager dispose de 10 litres d’eau, pour un périple qui peut durer trois jours comme un mois, sous le soleil brûlant. Les migrants craignent aussi les Touaregs, qui, selon Kaoumé, les laisseraient "en plein milieu du désert, sous le soleil qui se charge de vous", après avoir volé le pick-up.

Après avoir traversé le Ghana, le Niger, la Libye, l’Algérie et le Maroc, le jeune migrant doit franchir la mer Méditerranée. Un passeur lui trouve une place à bord d’un bateau pneumatique. Avant la traversée, les migrants se nourrissent seulement d’un bout de pain par jour, afin d’être légers et d’"être constipé pour ne pas faire n’importe quoi dans le Zodiac", puis les passeurs leur confisquent argent et téléphone. Armés, ils surveillent les migrants pendant la traversée.

"On n’y croyait plus, on voyait déjà la mort"

Un passage difficile, alors que les passagers sont 54 sur un bateau pneumatique de six mètres de long. Au milieu de la traversée, le bateau pneumatique trop chargé cède et prend l’eau. Kouamé raconte la mort d’un enfant de neuf ans, mort dans les bras de sa mère : "La mère voulait garder le corps de son enfant (…) elle refusait de croire qu’il était mort, donc on lui a arraché le corps, on l’a jeté à l’eau."

Alors que l’embarcation coule, il est repêché par la Croix-Rouge espagnole. Une chance, alors qu’en 2017, 3000 migrants sont morts noyés en Méditerranée.

Se reconstruire en France

Après l’Espagne, Kouamé arrive en France en 2015. Aujourd’hui détenteur d’un titre de séjour, il se sent très reconnaissant : "J’ai été bien accueilli, j’ai été bien soigné (…) je dis merci parce que c’est leurs impôts". Ayant trouvé un emploi à Toulouse, il se dit fier de pouvoir commencer à payer des impôts en 2019.

En témoignant de son parcours, il souhaite aussi dénoncer les comportements des passeurs, qui mentent aux migrants et profitent "de la pauvreté des gens pour s’enrichir" et déplore "ces milliers de morts (…) qui sont des êtres humains comme nous". Un message qu’il espère porter avec son livre.

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