Violaine Carrère : "il serait grave qu'on s'habitue" au naufrage de migrants en Égypte
Un naufrage le long des côtes égyptiennes a fait 42 morts mercredi 21 septembre. Pour Violaine Carrère, de l'association Watch the Med, "10 000 migrants sont morts en Médittérannée depuis 2014" et elle rappelle que l'on "laisse mourir des personnes en mer".
Pour le moment, le décompte est de 42 morts. Mercredi 21 septembre, un bateau qui transportait des migrants a fait naufrage le long des côtes égyptiennes. Selon des naufragés, le bateau comptait environ 450 personnes à son bord. Violaine Carrère, de l'association Watch the Med (une plateforme qui recense les migrants en Méditérannée) est revenue, sur franceinfo, sur l'évènement et la situation globale des migrants en Méditérannée.
franceinfo : Les migrants vont-ils de plus en plus loin pour s'embarquer et rejoindre les côtes européennes ?
Violaine Carrère : Ce n'est pas la première fois qu'il y a un départ de l'Égypte, c'est une nouvelle route migratoire. Lorsque des départs deviennent difficiles, c'est une nouvelle route qui s'ouvre. La nouvelle route, depuis la fermeture de la route des Balkans, c'est par la Libye et l'Égypte.
Ces nouveaux point de départ sont-ils plus dangereux ?
Oui bien sûr. À chaque fois qu'il y a ces changements de route migratoire, c'est toujours des routes plus longues et plus dangereuses avec une mer plus difficile. C'est évidemment plus cher du coup. Les politiques de l'Europe et de l'Union européenne sont à l'origine de ces changements d'itinéraires. On aboutit à ces naufrages dont il serait grave qu'on s'y habitue.
Se dirige-t-on vers une triste année record ?
On sait que plus de 10 000 migrants sont morts en Médittérannée depuis 2014. En 2016, plus de 300 000 personnes ont traversé la Médittérannée et on avoisine les 3 000 morts, c'est un chiffre terrible.
Obama a demandé aux pays les plus riches d'ouvrir largement leurs portes aux réfugiés. Pensez-vous que ce message sera entendu ?
Je note que les messages sont contradictoires. M. Cazeneuve a rappelé que les personnes qui se trouvaient à Calais, et qui allaient être réparties sur l'ensemble du territoire, étaient des personnes qui avaient besoin d'une protection et qui pouvaient demander l'asile à la France. Qui sont les personnes qui sont à bord de ces bateaux si ce n'est des personnes également en recherche de protection ? Ce sont des Syriens, des Érythréens, des Soudanais, des Somaliens, des Égyptiens et aussi parfois des Afghans. Toutes ces personnes font partie de celles qui sont recensées, au niveau européen, comme étant les nationalités éligibles à l'asile. Ça veut donc dire qu'on laisse mourir des personnes en mer alors que 74% d'entre elles justifieraient d'être protégées en Europe.
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