Parlement européen : le rôle clef des groupes parlementaires
Pour composer un groupe politique, le nombre de députés nécessaire est de 25, élus dans au moins un quart des Etats membres de l’Union Européenne (soit sept pays). Ce qui oblige les élus des partis nationaux à s’unir avec des membres d’autres partis européens. Cela a donné de grandes alliances qui dominent le Parlement. Une, plutôt à droite, qui rassemble l'UMP, la CDU dans le PPE... et une plutôt à gauche qui rassemble les sociaux-démocrates européens (Alliance progressiste des socialistes et démocrates).
Dans ce système, les partis minoritaires ont plus de mal à former un groupe. C’est ainsi que les élus du Front National sont non inscrits au Parlement européen. La tentative de regroupement des mouvements nationalistes européens (alliance européenne des mouvements nationaux) a été mise à mal par le refus de Marine Le Pen de s’allier avec des partis, jugés infréquentables par la présidente du FN, comme le Jobbik hongrois ou le BNP britannique.
La culture du compromis dans les groupes parlementaires européens
Jamais il n'est arrivé, dans l'histoire du Parlement, qu'un seul groupe détienne la majorité absolue. C'est pourquoi, afin d'adopter la législation de l'Union et d'approuver le budget, les groupes doivent s'efforcer d'obtenir la majorité nécessaire par voie de négociation et de compromis. Le jeu des concessions mutuelles entre les groupes est donc essentiel, sachant évidemment que le poids d'un groupe dépend de sa taille.
La discipline de groupe au sein du Parlement européen est moins stricte que dans certains parlements nationaux: il arrive ainsi que des députés issus de mêmes groupes votent différemment (en fonction d'intérêts nationaux ou régionaux).
La notion de compromis tient beaucoup au fait que dans le Parlement européen, il n'y a pas la notion de soutien à un gouvernement. C'est ainsi que les deux grands groupes (SD et PPE) se sont mis d'accord pour la désignation du président du parlement.
Il faut cependant relativiser cette culture du compromis car, comme le note une étude de Thierry Chopin et Camille Lepinay, «ni les politiques du travail et de l'emploi, ni l'essentiel de la fiscalité, ni les retraites et le système de protection sociale, ni les systèmes éducatifs, ni la sécurité publique ne font l'objet d'authentiques politiques communautaires, alors que c'est sur ces enjeux que le clivage droite-gauche trouve toute sa vigueur au niveau national».
Les sept groupes parlementaires européens
Liste et principales caractéristiques des sept groupes parlementaires européens (les chiffres de chaque groupe donnés ici sont ceux issus des élections européennes de 2009, c'est-à-dire sur la base de 736 élus. Depuis ce vote, l'arrivée d'élus de nouveaux pays ont changé les chiffres).
Groupe Europe de la liberté et de la démocratie (EFD en anglais) : 32 élus http://www.efdgroup.eu/
Ce groupe, qui compte Philippe de Villiers parmi ses membres, s’ancre dans la droite du Parlement et représente notamment le courant eurosceptique. Ce sont les anglais du UKIP (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) qui sont les plus représentatifs de ce groupe ainsi que ceux de la Ligue du Nord en Italie. Les élus de ce groupe s'opposent notamment aux idées de supranationalité.
Groupe des conservateurs et réformistes (ECR en anglais) : 54 élus http://ecrgroup.eu/
Le groupe se définit comme étant de «centre droit», «non fédéraliste». Il provient d’une scission du PPE et rassemble notamment des conservateurs britanniques.
Il regroupe notamment 26 Britanniques (parti conservateur et unionistes d'Irlande du Nord) et des Italiens de Forza Italia (le parti de Berlusconi). Il n'y a pas de représentants français.
Groupe du Parti populaire européen (PPE ou EPP) : 265 élus http://www.eppgroup.eu/fr
Le Groupe du Parti Populaire européen, principal groupe du Parlement européen, rassemble «les forces politiques pro‑européennes du centre et du centre‑droit issues des Etats membres de l'Union européenne» et défend l’idée d’une «économie sociale de marché». Selon l’objectif affiché sur son site, il promeut «une Europe plus compétitive et plus démocratique». Il forme la principale force politique au Parlement européen.
Côté français, le PPE regroupe notamment des élus de l’UMP (ou du Nouveau Centre). Côté italien, il regroupe des centristes de droite mais aussi des membres de Forza Italia. Les Allemands sont membres de la CDU ou de la CSU.
Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE) : 84 élus http://www.alde.eu/fr/
C’est le groupe charnière du Parlement européen. Il regroupe les centristes européens. Dirigé par le Belge Guy Verhofstadt, il compte six français parmi ses membres, dont Marielle de Sarnez (Modem) et Corinne Lepage (Cap21).
Il affirme défendre une croissance humaine, un développement durable et protéger les libertés individuelles. Sur un plan européen, il est favorable à «l'introduction de véritables ressources propres». En clair, ces élus sont favorables au développement d'un véritable budget européen.
Le groupe Socialistes et Démocrates (SD) : 184 élus http://www.socialistsanddemocrats.eu/fr
Le Groupe Socialiste et Démocrate est le principal groupe de «centre gauche» du Parlement européen et le deuxième plus important en termes d'élus, issus des 28 Etats membres de l'UE. La philosophie du groupe: «Nos eurodéputés se battent pour la justice sociale, l’emploi et la croissance, les droits des consommateurs, le développement durable, la réforme des marchés financiers et le respect des droits de l'Homme, afin de créer une Europe plus forte et plus démocratique et d’assurer à tous un avenir meilleur.»
Le groupe rassemble notamment le PS français et ses homologues européens.
Le groupe Les Verts/Alliance Libre européenne : 55 élus http://www.greens-efa.eu/fr.html
Le groupe est composé des «Verts et des représentants des nations sans Etat ("régionalistes")». Les Verts/ALE sont actuellement le quatrième groupe au Parlement européen et compte des député-e-s provenant de 15 Etats membres. Avec 28 femmes et 30 hommes, l'égalité des genres y est largement assurée. «Pour les Verts, seul un "Green New Deal" peut apporter l'élan nécessaire à une économie durable, sociale et créatrice d'emplois qui amènera des solutions aux défis des ressources, du climat et de l'économie», explique le groupe.
Le groupe rassemble notamment EELV en France.
Le Groupe gauche unie et gauche verte du Nord (GUE/NGL) 35 élus http://www.guengl.eu/
Le groupe compte des membres issus de 13 pays et 18 partis. Il affirme ne pas se reconnaître dans l’actuelle Europe, considérée comme trop orientée vers la «logique de marché». Il considère que l’Europe n’es pas victime de la «crise économique, sociale et environnementale, mais l’un de ses moteurs».
En France, le groupe rassemble les élus du PC et du Parti de gauche. En Grèce Syriza et en Allemagne, die Linke.
Depuis l'adhésion de la Croatie en juillet 2013, le Parlement européen compte 766 membres, mais ce nombre va être ramené à 751 à l'occasion des élections de 2014 et devrait rester inchangé à l'avenir.
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