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Poutine "a probablement approuvé" le meurtre de l'opposant russe Litvinenko, selon la justice britannique

Les conclusions de l'enquête publique sur la mort de cet ex-espion du KGB, empoisonné au polonium, à la fin novembre 2006 à Londres, ont été présentées jeudi à la presse.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'ancien agent du FSB Alexandre Litvinenko lors d'une conférence de presse à Moscou en novembre 1998. (REUTERS)

Le président russe Vladimir Poutine a "probablement approuvé" le meurtre, à Londres, par deux agents russes, de l'opposant Alexandre Litvinenko, estime un juge britannique. Cette déclaration intervient à l'occasion de la présentation, jeudi 21 janvier, des conclusions de l'enquête publique sur la mort de l'ex-espion du KGB.

Quelles sont les conclusions ?

Alexandre Litvinenko, 43 ans, est mort d'un empoisonnement au polonium, à la fin novembre 2006, trois semaines après un rendez-vous pour prendre le thé au Millennium Hotel, dans le centre de Londres, avec deux ex-agents russes, Andreï Lougovoï, aujourd'hui député d'un parti nationaliste, et l'homme d'affaires Dmitri Kovtoun.

"Je suis sûr que MM. Lougovoï et Kovtoun ont mis le polonium 210 dans la théière, le 1er novembre 2006. Je suis sûr qu'ils l'ont fait dans l'intention d'empoisonner M. Litvinenko", écrit le juge Owen.

Selon lui, une première dose, plus faible, de polonium lui aurait même été administrée plus tôt, le 16 octobre, avant la dose fatale du 1er novembre. "Les preuves que je présente établissent clairement la responsabilité de l'Etat russe dans la mort de M. Litvinenko", ajoute-t-il, alors que le Kremlin a toujours démenti toute implication.

"L'opération du FSB [nouveau nom du KGB] a probablement été approuvée par M. Patrouchev [ex-chef du FSB] et aussi par le président Poutine", a ajouté Robert Owen dans ses conclusions.

Quelles sont les réactions ?

Pour le Premier ministre David Cameron, ce rapport "confirme" que ce meurtre a été "commandité par un État". Il a annoncé depuis Davos en Suisse un renforcement des mesures de représailles vis-à-vis de la Russie. Le gouvernement britannique a ainsi convoqué l'ambassadeur de Russie à Londres tandis que la ministre de l'Intérieur Theresa May a annoncé le gel des avoirs des deux exécutants présumés, Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtou

Moscou a immédiatement réagi en dénonçant une enquête "politiquement orientée" et manquant de "transparence". L'un des deux accusés du meurtre a démenti. "Les accusations contre moi sont absurdes (...) Les résultats de l'enquête démontrent une nouvelle fois la position anti-russe et l'étroitesse d'esprit de Londres", a déclaré à l'agence de presse Interfax Andreï Lougovoï, aujourd'hui député d'un parti nationaliste.

De son côté, depuis Londres, la veuve d'Alexandre Litvinenko a réclamé devant la presse "l'imposition de sanctions économiques ciblées et des interdictions de voyage notamment contre Nikolaï Patrouchev et Vladimir Poutine", a déclaré à la presse Marina Litvinenko.

Quant au Premier ministre britannique, David Cameron, il estime par la voix de son porte-parole que les conclusions du juge "sont extrêmement dérangeantes". "Ce n'est pas une manière de se comporter, encore moins pour un pays qui est membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU", a insisté le porte-parole.

Quelles sont les conséquences de la publication de ce rapport ?

Le gouvernement britannique a décidé de convoquer l'ambassadeur russe à Londres. Les avoirs des deux exécutants présumés vont en outre être gelés, a annoncé la ministre de l'Intérieur devant les députés britanniques.

De plus, la police britannique a réclamé l'extradition des Russes accusés du meurtre. "Il y a des mandats qui courent toujours concernant Andreï Lugovoï et Dmitri Kovtoun pour ce meurtre. Notre objectif restera de les traduire devant une cour de justice", a déclaré Scotland Yard dans un communiqué, en référence aux demandes d'extradition que Moscou a toujours refusé de satisfaire.

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