Présidentielle en Autriche : les quartiers populaires de Vienne séduits par l'extrême-droite, "la seule qui ose dire stop"
Les Autrichiens sont appelés aux urnes dimanche pour le second tour de l'élection présidentielle opposant un candidat d'extrême-droite et un écologiste. franceinfo s'est rendu dans un quartier populaire de Vienne, séduit par le vote extrême.
La fonction est surtout honorifique. Mais le scrutin a valeur de symbole. Dimanche 4 décembre, les Autrichiens pourraient bien élire un président d’extrême-droite. Norbert Hofer, le candidat du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), affronte une nouvelle fois l’écologiste indépendant Alexander Van der Bellen, six mois après un premier vote invalidé.
L'extrême-droite séduit un électorat "déclassé", qui se sent délaissé
Si le vote FPÖ est particulièrement fort dans l’Autriche rurale, il l'est également dans les quartiers populaires des grandes villes. À Vienne, c'est dans l'arrondissement Simmering que le parti d'extrême-droite a fait son meilleur score au mois de mai. Les militants ratissent le quartier, distribuant tracts et stylos aux couleurs de Norbert Hofer.
La mobilisation va jouer un rôle essentiel. J'espère que les Autrichiens vont choisir le bon président.
Pendant cinquante ans, Simmering est resté un bastion de gauche. Mais en 2015, le parti populiste s’empare de la mairie de quartier. Une première dans la capitale autrichienne... qui n'a rien d'un hasard. "Ce sont les 'déclassés' qui vivent ici, parfois dans une grande précarité, analyse Jérôme Segal, chercheur à Vienne et spécialiste de l’extrême-droite en Autriche. Depuis 2007, le pays est gouverné par une grande coalition entre socialistes et chrétiens-démocrates... et à Simmering, les habitants "en ont marre", poursuit Jérôme Segal.
Aux yeux de ces 'déclassés', la seule chose qui n'a jamais été tentée, c'est l'extrême-droite.
Dans les rues de Simmering, les habitants ne cachent par leur attrait pour la rhétorique anti-système du FPÖ. "Le seul parti qui ose dire stop", explique Karl, un retraité, qui a passé toute sa vie dans le quartier : "Sur l’immigration par exemple. Nous, les gens les plus âgés, nous avons peur de tout ce changement." Peu importe si le président fédéral ne joue aucun rôle dans la politique migratoire, ni dans les choix économiques. Si Norbert Hofer l'emporte dimanche, le parti FPÖ prendra un avantage certain en vue des élections législatives de 2018.
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