Quand la PAC n'aide pas que les agriculteurs
Un restaurant, une troupe de théâtre,
trois maisons d'assistantes maternelles, des centres sociaux et des
établissements scolaires... Autant d'établissements qui, dans la Sarthe, ignorent
même la plupart du temps qu'ils sont bénéficiaires de la PAC (Politique
agricole commune). Et pourtant, les subventions du fonds européen pour le
développement rural ne devraient pas passer inaperçus dans un bilan comptable.
Ainsi, la commune de Bourg-le-Roi
dans le nord de la Sarthe, qui touche en 2012 la somme de 106.300 euros pour
construire une maison des associations. Ou encore celle de La Flèche : près de
40.000 euros pour le camping municipal. Auxquels il convient d'ajouter la
subvention de plus de 6.000 euros accordée à la communauté de communes pour
booster le secteur commercial.
"L'Europe est là aussi pour faire de l'aménagement du territoire sur
les zones rurales", se défend le député-maire de La Flèche. "Quand
vous faites des équipements économiques structurants, vous participez à la vie
globale et donc aussi à la dynamique de l'agriculture", poursuit Guy-Michel
Chauveau.
Transparence totale
Du côté du monde agricole, on ne
l'entend pas de cette oreille. Découvrir que des aides européennes à
l'agriculture sont versées à d'autres, alors même que le monde paysan n'arrive
pas à vivre correctement de son travail, provoque incompréhension et colère. "Si
cela nous aide à écouler tous nos productions, dans les cantines scolaires, pas
de problème", assure cet agriculteur de la région. "Mais si
c'est pour construire des classes ou aménager le centre-bourg, ce n'est pas du
tout productif par rapport à notre métier", poursuit Julien Leballer. Et
là, "ces exemples n'ont aucun lien avec l'agriculture aujourd'hui. Et
pourtant, ils touchent des aides dues à l'agriculture, c'est quand même un
comble [...] C'est vachement révoltant", conclut le paysan.
Petite révolution dans le monde,
jusqu'alors opaque, des aides attribuées au titre de la PAC : un règlement
impose désormais aux États membres la transparence totale. Un site internet
recense, bénéficiaire par bénéficiaire, le montant des aides directes et des
aides au développement. Chacun peut donc, en quelques clics, savoir comment
sont répartis les 10 milliards d'euros annuels accordés par Bruxelles à
l'agriculture française.
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