Angela Merkel reconnaît des "confrontations" avec Emmanuel Macron, le chef de l'Etat assume "de ne pas totalement être d'accord sur tout"
La chancelière allemande évoque notamment, dans un entretien au "Süddeutsche Zeitung" diffusé mercredi, des divergences avec le président français, mais dément toute détérioration du couple franco-allemand.
"Bien sûr, nous avons des confrontations [Gewiss, wir ringen miteinander]" : Angela Merkel reconnaît "des différences de mentalité" avec Emmanuel Macron, selon la traduction du Monde d'un entretien publié par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung (en allemand), mercredi 15 mai. Des déclarations relativisées par sa réponse à la question "Les relations se sont-elles détériorées ces derniers mois ?" "Non, pas du tout", rétorque-t-elle. Mais Angela Merkel admet que les deux dirigeants ont eu des "temporalités différentes". La chancelière allemande évoque notamment entre elle et le président français des "différences dans (leur) compréhension des rôles".
Les deux dirigeants ont eu plusieurs divergences ces derniers mois : sur le gel des ventes d'armes à l'Arabie saoudite décidé par l'Allemagne après la mort du journaliste Jamal Khashoggi, sur le devenir de l'Union européenne, sur le Brexit et les reports accordés au Royaume-Uni, ainsi que sur la résolution des questions climatiques.
"Compter davantage les uns sur les autres"
La chancelière souligne toutefois dans cette interview les "énormes progrès" réalisés grâce au couple franco-allemand, notamment en matière de défense. "Nous avons décidé de développer un avion de combat et un char ensemble. (...) C'est un signe de confiance que de compter davantage les uns sur les autres en matière de politique de défense", fait valoir Angela Merkel. Les deux dirigeants avaient également signé en janvier le traité d'Aix-la-Chapelle sur la coopération et l'intégration franco-allemandes.
La chancelière souligne ainsi que lors du discours sur la Sorbonne d'Emmanuel Macron, consacré en septembre 2017 à la relance de l'Europe, elle venait tout juste de passer le cap des élections au Bundestag et négociait une nouvelle coalition. Des reproches lui avaient été adressés, y compris dans son propre camp conservateur, de ne pas avoir saisi les propositions d'Emmanuel Macron.
Angela Merkel met aussi l'accent sur les différences politiques entre les deux pays : "Je suis la chancelière d'un gouvernement de coalition et je suis beaucoup plus dépendante du Parlement que le président français, qui n'a pas du tout le droit d'entrer à l'Assemblée nationale", au nom de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif.
"Confrontation féconde" pour Emmanuel Macron
En réponse à ces déclarations, Emmanuel Macron a déclaré ensuite, mercredi soir, ne croire "ni à la confrontation stérile, ni à l'entente stérile" avec Angela Merkel mais à "la confrontation féconde", afin de "bâtir un compromis" au niveau européen.
"Nous devons accepter des désaccords momentanés, de ne pas totalement être d'accord sur tout, pour construire un compromis avec l'Allemagne pour pouvoir avancer", a ajouté le chef de l'Etat au cours d'une conférence de presse à l'Elysée, interrogé sur les propos de la chancelière allemande.
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