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Royaume-Uni : la bataille de David Cameron contre l'immigration

Fin juillet, une camionnette sillonnait les rues de Londres pour inciter les sans-papiers à rentrer chez eux. Une nouvelle étape dans la politique migratoire du gouvernement britannique.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le Premier ministre britannique, David Cameron, le 25 mars 2013 à Ipswich (Royaume-Uni). (PAUL ROGERS / AFP)

Pour David Cameron, l'année 2013 restera celle de la bataille contre l'immigration illégale. Le Premier ministre britannique avait annoncé dès 2011 vouloir réduire le solde migratoire à quelques "dizaines de milliers de personnes par an, et non les centaines de milliers comme lors de la dernière décennie", rapportait Le Monde. Depuis, le pensionnaire du 10 Downing Street semble se donner les moyens – même les plus extrêmes – d'atteindre ses objectifs. Retour sur cette nouvelle politique migratoire enclenchée en mars.

Limiter les prestations sociales

David Cameron a détaillé, dans un discours prononcé le 25 mars, les lignes de sa nouvelle politique migratoire, rapporte Le Figaro. Il a ainsi annoncé des restrictions pour les immigrés dans l'accès au système de santé, les indemnités chômage ou l'aide au logement. Il aspire à ce que "l'accès aux services publics clés soit quelque chose que les immigrants gagnent, et non un droit automatique".

Désormais, pour toucher l'allocation logement, les immigrés doivent justifier de deux ans de résidence outre-Manche. Le gouvernement Cameron souhaite aussi obtenir un remboursement des pays membres de l'Espace économique européen qui font soigner leurs ressortissants au Royaume-Uni, ce qui représente 11 à 23 millions d'euros par an, estime Downing Street. Enfin, l'allocation chômage pour un immigré cessera au bout de six mois si aucune perspective d'emploi ne se dégage.

Favoriser l'immigration économique

Le Royaume-Uni cherche depuis longtemps à développer son immigration "économique" tout en limitant le plus possible l'arrivée de clandestins. C'est aussi l'objectif de la nouvelle loi sur l'immigration; annoncée le 8 mai par la reine Elizabeth II au nom du gouvernement Cameron, relève Le Monde. Le texte "fera en sorte que le Royaume-Uni attire ceux qui apporteront une contribution et dissuade ceux qui ne le feront pas", a proclamé Sa Majesté.

Concrètement, en plus des mesures précédemment annoncées, la loi obligera les propriétaires à vérifier le statut de leurs locataires, infligera des amendes conséquentes aux employeurs de main-d'œuvre sans-papiers et facilitera l'expulsion des clandestins. 

"Clandestins, rentrez chez vous"

Entre les 22 et 26 juillet, deux camionnettes flanquées d'une immense affiche incitant les immigrés illégaux à rentrer chez eux ont arpenté les rues de six quartiers londoniens. Une campagne expérimentale qui pourrait être généralisée à tout le Royaume-Uni. La publicité montre une paire de menottes et indique le nombre d'arrestations effectuées la semaine précédente dans le quartier. "Au Royaume-Uni de façon illégale ? Rentrez chez vous ou prenez le risque de vous faire arrêter", peut-on lire. L'affiche invite aussi les étrangers à prendre leur téléphone pour envoyer "HOME" (maison) au 78070 .

De nombreux dirigeants politiques se sont indignés de cette initiative, des travaillistes aux libéraux-démocrates, jusqu'au leader du parti populiste anti-européen Ukip (United Kingdom Independence Party), qui y voit "le signe d'une déclaration de guerre" aux étrangers. Rita Chadha, responsable d'une association londonienne de soutien aux immigrés, a dénoncé une récupération des slogans du British National Front des années 1970, relaie The Guardian (en anglais).

De son côté, le porte-parole de David Cameron a défendu cette campagne en expliquant qu'elle "fonctionnait déjà" et que c'était la façon la plus rentable de faire partir les immigrés clandestins.

Les législatives dans le viseur

Le jusqu'au-boutisme de la nouvelle politique migratoire du Premier ministre britannique montre une double nécessité : rassurer l'aile droite de son parti et contrer la percée de l'Ukip, analyse Le Monde (article payant). Le 2 mai, ce dernier a obtenu 23% des suffrages aux élections locales, soit seulement 2% de moins que les conservateurs.

Devant la pression constante de sa droite, David Cameron a donc choisi de riposter, quitte à bousculer certains éléments de sa coalition et mobiliser l'opposition travailliste. Une "droitisation" que le Front National observe avec gourmandise de ce côté-ci de la Manche. Son vice-président, Louis Aliot, a félicité Cameron pour son programme de lutte contre l'immigration, indique Le Point, ou joué la provocation dans un communiqué le 1er août.

En 2012, l'immigration au Royaume-Uni a été ramenée à son niveau de 2003, relevaient Les Echos. Et entre l'arrivée au pouvoir de Cameron en 2010 et septembre 2012, l'immigration nette est passée d'environ 230 000 à 153 000 personnes. Pour reprendre des points sur l'Ukip en vue des législatives qui se dérouleront au plus tard en 2015, le gouvernement du Premier ministre semble donc déterminé à réduire encore ce nombre.

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