Un nouveau monarque pour les Belges... Mais à quoi servent les rois ?
Le roi de Belgique, Albert II, a annoncé le 3 juillet qu'il abdiquait. Son fils Philippe lui succède au trône dimanche et va devenir un des 45 monarques du monde. Mais quel est le rôle de toutes ces têtes couronnées ?
Le roi Albert abdique, vive le roi Philippe. Le roi de Belgique, Albert II, a annoncé sa retraite début juillet et c'est son fils, Philippe, qui prête serment dimanche 21 juillet. Mais pour être roi de quoi ?
Les têtes couronnées ont désormais du mal à exister en dehors de la rubrique carnet rose des magazines people. Quelle est leur place aujourd'hui ? Francetv info vous propose quelques éléments de réponse.
Ils gouvernent leur pays (pour de vrai)
La liste des 45 monarchies contemporaines comprend des émirats et sultanats. Et c'est là que le vrai pouvoir se situe. A part le royaume d'Arabie saoudite, les sultanats de Bruneï et d'Oman ainsi que l'émirat du Qatar sont de réelles monarchies absolues : les monarques sont les chefs suprêmes de l'Etat et concentrent la plupart des pouvoirs entre leurs mains.
Or, en parallèle de ces pouvoirs, ils mènent un style de vie royal, bénéficiant d'importantes richesses - le sultan de Bruneï figure parmi les hommes les plus riches du monde tandis que le roi du Swaziland s’offre des fêtes somptueuses - et "n'appliquent pas forcément les règles démocratiques au sens occidental du terme", explique à francetv info Philippe Delorme, historien et journaliste spécialiste des familles royales.
Ils sont garants de l'unité du pays
"Dans toute monarchie en proie à des tensions culturelles, linguistiques, ethniques ou autres, la figure du roi est censée être garante de l'unité", ajoute Philippe Delorme. C'est le cas en Espagne, avec le roi Juan Carlos. Ou bien en Belgique, où Albert II a joué un rôle de premier plan lors de la crise politique de 2010-2011, quand le pays a été privé de gouvernement pendant plus de 500 jours. "On peut dire que le seul Belge, c'est le roi. Il se positionne au-dessus du clivage flamand-wallon, ne prenant partie pour aucune de ces deux factions et prônant l'unité de la Belgique", analyse l'historien.
Autre exemple, en Thaïlande, c'est grâce au roi, vénéré comme un demi-Dieu par certains comme le note Europe 1, que le pays demeure stable malgré les tensions constantes.
Pourtant, les discours traditionnels de ces monarques, qui se posent en garants de la cohésion nationale, peinent à convaincre. Les indépendantistes flamands ont "réclamé l'abolition des pouvoirs du roi", indiquait Le Figaro en décembre 2012, les Catalans contestent désormais le rôle du roi d'Espagne, souligne un blog hébergé par Rue89, et comme l'explique Atlantico, les sujets adorant le roi de Thaïlande se font de moins en moins nombreux.
Ils assurent un lien avec l'histoire
La reine d'Angleterre est aussi la reine du Canada, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et de douze autres Etats du Commonwealth. Pour Philippe Delorme, il s'agit d'un fort lien symbolique. "La reine est un témoin d'une histoire collective et c'est grâce à son rôle que ces pays renouent avec leur tradition commune. Si un jour elle était remplacée par un président, il est difficile d'imaginer qu'il aurait un rôle honorifique au Canada", explique-t-il.
Il en est de même dans certains pays scandinaves - la Norvège, le Danemark ou la Suède - cités comme des exemples de démocratie et d'égalité. "Il semble paradoxal que ces pays gardent l'institution monarchique. Ils l'ont vidée de toute importance, mais elle permet à la population de garder un lien avec son passé et sa culture", détaille Philippe Delorme.
Ils gèrent des situations de crise
En tant que chefs de gouvernement, la plupart des monarques ont le pouvoir de commander l'armée et de conduire une guerre. Pourtant, aujourd'hui, c'est plutôt lors des catastrophes naturelles qu'ils apparaissent publiquement, pour démontrer leur utilité sociale. Lors de la catastrophe de Fukushima, l’empereur du Japon s'est rendu dans des zones sinistrées, a fait des dons de nourriture et a ouvert des bains impériaux aux réfugiés, explique le site Aujourd’hui le Japon.
Ils attirent des touristes
Le coût financier de la famille royale britannique est relativement modeste, comme l'expliquait en avril Slate (lien en anglais) : "Ils coûtent au contribuable moyen moins de 1 dollar par jour." Pourtant, la famille royale est devenue une vraie marque : les attractions touristiques liées à la monarchie anglaise génèrent plus de 600 millions d'euros par an, expliquait The Independant (en anglais) en 2010.
Les cartes postales reine Elisabeth, les tasses à l'effigie de William et Kate, et bien sûr les gadgets estampillés royal baby (d'ailleurs, les analystes du marché estiment que le premier nouveau-né du couple royal pourrait engendrer 380 millions de dollars (295 millions d'euros) de profit) renflouent les coffres du Royaume-Uni. Ailleurs, les familles royales jouissent d'une moindre notoriété, mais parmi les attractions touristiques du Luxembourg, de Monaco ou de l'Espagne, on compte toujours les résidences des monarchies.
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