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Un robot pour faire marcher les handicapés moteurs dès 2018 en Europe?
La société parisienne Wandercraft a conçu un dispositif d’attelle robotisée. Un exosquelette qui doit permettre aux handicapés en fauteuil roulant de remarcher. Ne reste plus qu’à décrocher une certification pour donner le coup d’envoi de sa commercialisation en Europe. Géopolis revient sur cette initiative hors du commun avec Alexandre Boulanger, directeur général de Wandercraft.
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Concevoir une attelle robotisée pour permettre aux personnes à mobilité réduite de marcher. C’est le défi que se sont lancés trois polytechniciens: Alexandre Boulanger, Nicolas Simon et Matthieu Masselin. Pour porter leur projet, ils ont fondé en 2012 une société: Wandercraft. «Nous trouvions incroyable que les fauteuils roulants d’il y a un siècle soient les mêmes qu'aujourd'hui. Nous avions en tête de concevoir un exosquelette permettant à des paraplégiques ou des personnes atteintes de maladie neuromusculaire de se déplacer debout», se rappelle Alexandre Boulanger, directeur général de Wandercraft.
La commercialisation conditionnée par l'obtention d'une certification
Après trois ans de travail, Wandercraft est entré dans la phase finale de développement de son produit: les essais cliniques. «L’Europe est notre cible prioritaire. Dans cette optique, nous attendons d'obtenir le marquage CE Medical, nécessaire pour vendre du matériel médical dans les pays de l'Union européenne. Il devrait intervenir fin 2017», confie Alexandre Boulanger. Le coup d'envoi de la commercialisation du produit doit être donné dans la foulée. Produit qui sera destiné aux centres de soins et de réadaptation.
En attendant, l’exosquelette (baptisé Atalante) est d’ores et déjà disponible en pré-commande. Et un premier client a signé. Il s’agit du Centre de médecine physique et de réadaptation (CMPR) Maurice Gantchoula, situé à Pionsat (en Auvergne). Ce CMPR compte exploiter Atalante dans le cadre de recherches cliniques.
L’originalité: un exosquelette qui «tient tout seul» debout
Qu’est-ce qui différentie Atalante des technologies d’exosquelette jusqu’ici dessinées pour les personnes handicapées? Il s’auto-stabilise et permet ainsi à une personne à mobilité réduite de se tenir debout sans aucune aide. Nul besoin de béquille ou de canne pour équilibrer l’ensemble du corps augmenté de son exosquelette.
Pour relever ce défi technique, Wandercraft a mis au point un mini-ordinateur (le Wanderbrain) commandant chacune des 12 articulations motorisées de son exosquelette. «C’est à lui que, progressivement, nous apprenons l’équilibre, les mouvements de la marche humaine, le franchissement d’obstacles, ou les gestes qui permettent de s’asseoir et de se lever», explique-t-on chez Wandercraft.
Tout est là pour faire en sorte que l'utilisateur handicapé retrouve les sensations d'une marche naturelle. Quand il se penche en avant, le robot fait un pas, puis deux... Lorsqu'il se redresse, la machine s'arrête. Pour changer de direction, il suffira de tourner le buste vers la direction désirée. «Ce sont les mêmes mouvements que fait un marcheur valide, sans même y réfléchir», ajoute Alexandre Boulanger. Des mouvements qui sont détectés grâce à un gilet doté d'un capteur de mouvement, que l'utilisateur devra enfiler.
Après les centres de rééducation, une nouvelle cible: les particuliers
Derrière le projet Atalante se cache une équipe pluridisciplinaire de 24 scientifiques: des ingénieurs, des docteurs en mathématiques, en robotique, des experts en logiciel algorithmique, en biomécanique... En décembre 2016, leur travail a été récompensé par un trophée INPI (Institut national de la protection intellectuelle), décerné à Wandercraft dans la catégorie brevet.
Pour la suite, Wandercraft entend commercialiser une nouvelle version de son exosquelette. Plus perfectionnée, elle sera directement destinée aux particuliers en situation de handicap moteur, avec pour objectif de leur faire gagner en autonomie au quotidien. «Nous viserons alors un marché de 3 millions de personnes handicapées dans l'hémisphère Nord. 300.000 personnes pourront acquérir (notre produit, NDLR) sans aide financière dans un premier temps, l'idée étant de développer toutes les pistes de financement possibles pour ensuite élargir» cette base, conclut Alexandre Boulanger.
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