Un vestige nazi transformé en complexe balnéaire de luxe en Allemagne
Prora, dont la construction a commencé en 1936, était conçu pour abriter jusqu'à 20 000 vacanciers dans le cadre du programme "La Force par la joie" du parti nazi.
Des appartements de luxe à la place d'un squelette de béton gris. Sur l'île allemande de Rügen, dans la Baltique, un des plus imposants vestiges architecturaux des nazis se mue en complexe touristique. Des citadins aisés viennent maintenant passer leurs vacances là où Adolf Hitler voulait faire endoctriner le peuple.
Situé en bordure d'une des plus belles plages du pays, le complexe de Prora renaît avec l'arrivée, cet été, de ses premiers occupants. Prora, dont la construction a commencé en 1936, était conçu pour abriter jusqu'à 20 000 vacanciers dans le cadre du programme "La Force par la joie" du parti nazi.
Un chantier terminé en 2022
Au menu à Prora : bains de mer, gymnastique et endoctrinement pour la classe ouvrière aryenne méritante. Le tout dans un bâtiment de 4,5 kilomètres de long, huit blocs strictement identiques de six étages face à la mer. Mais le projet a calé au début de la guerre, en 1939.
L'ossature de béton a ensuite servi de baraquements à l'armée de la RDA communiste. Après la chute du Mur en 1989, les ruines ont été laissées à l'abandon, seules quelques portions étant utilisées par deux musées et, depuis 2011, par une auberge de jeunesse.
Sur les huit blocs d'origine, l'un appartient au gouvernement régional, qui veut le vendre, deux à un investisseur du Liechtenstein, et un autre a été démoli. Quatre ont été cédés à différents promoteurs, qui, d'ici 2022, devraient les avoir entièrement transformés.
"De l'eau a coulé sous les ponts"
Dans l'un d'eux, rebaptisé "Prora Solitaire", les vacanciers ont déjà pris possession des lieux. Le bâtiment arbore dorénavant une façade couleur crème et des balcons ; l'ensemble a son propre spa ; un restaurant de burgers et une boulangerie se sont installés là, en phase avec le nouveau public chic qui a investi l'endroit.
Des appartements, encore en cours de construction, sont, eux, vendus à 95%, à la faveur de taux d'intérêt bas et d'avantages fiscaux. L'investisseur a mis un peu plus de 90 millions d'euros sur la table. Les prix des logements s'échelonnent de 350 000 euros pour 100 mètres carrés à 650 000 euros pour un loft avec vue sur la mer.
"De l'eau a coulé sous les ponts, le temps était venu de faire quelque chose de bien de Prora", salue Karsten Rarrasch, quinquagénaire du coin rencontré sur la plage. "Nous avons assez de lieux de mémoire en Allemagne", juge-t-il.
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