Forte d'un "soutien populaire énorme", la révolte québécoise prend une tournure juridique
Parfois la rue a besoin d'un petit coup de pouce de la justice. Face à la fameuse loi 78, la "loi matraque" qui restreint le droit de manifester, les étudiants ont décidé d'opposer une loi plus forte, la Constitution. Ils ont déposé cette nuit un recours en justice, contre un texte qui selon eux limite la liberté d'expression et d'association.
"C'est la plus grande affaire constitutionnelle au Québec à cause du nombre de gens concernés" , explique Léo Bureau-Blouin, l'un des leaders étudiants, devant la Cour supérieure du Québec. Selon lui, la loi 78 affecte directement 1,5 million de Québecois. "Cette loi ignoble a pour effet de museler, d'écraser, de contrôler et de dominer le mouvement étudiant, et d'autres groupes qui souhaitent s'exprimer publiquement" , précise la déclaration commune des requérants.
La première requête, qui vise à bloquer l'application de la loi par la police, pourrait être examinée dès mercredi. La requête en nullité devra attendre début juin. Le gouvernement, lui, raille ce coup d'éclat venant "entre autres d'une association qui se fout des décisions des tribunaux" ("la Classe", organisation étudiante la plus radicale du mouvement).
Deux Québécois sur trois opposés à la loi 78
Pourtant l'opinion semble changer de camp. Jusqu'ici très réservés sur le mouvement étudiant (lancé suite à une augmentation des droits de scolarité), les Québécois se sont très vite opposés à la nouvelle loi. Selon un sondage, ils sont deux sur trois à considérer qu'elle ne réussira pas à rétablir la paix sociale. La moitié des habitants estime toutefois que la négociation est la seule issue possible au conflit. Seuls 16% des Québécois seraient pour des législatives anticipées.
En attendant, les manifestations continuent... Et les arrestations aussi. En une semaine d'application de la loi 78, plus de 2.000 personnes ont été interpellées à Montréal.
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