Google publie de nouvelles cartes de la Corée du Nord
Emprunter la "route
des essais nucléaires " puis bifurquer sur la "route du goulag
16 ", jusqu'au poste de contrôle. Ces routes au nom inquiétant existent
bel et bien, en Corée du Nord, et leur tracé est désormais consultable sur
Google Maps. Le service américain de cartes et de plans s'est enrichi d'une
carte actualisée du pays, sur la base de contributions d'internautes qui se
basent essentiellement sur des images satellites.
Les nouveaux plans
détaillent en premier lieu la cartographie de Pyongyang : on peut désormais y
identifier écoles, hôtels et parcs de la ville, qui viennent ainsi se
superposer aux images satellite déjà disponibles. Au-delà des murs de la
capitale, si la carte est plus clairsemée, elle indique une partie des routes
et des villes du pays.
Des lieux identifiés
comme "goulag "
Mais surtout, ces cartes
font désormais mention des lieux les plus sensibles de cette dictature, l'un
des pays les plus isolés et censurés au monde. On y voit ainsi un centre
d'essais nucléaires, isolé entre des montagnes, et quelques-uns des camps
d'internement, comme le camp de Bukchang ou le "camp 14", identifiés
comme "goulags " sur la carte.
Ces camps, portant la
dénomination de "kwan-li-so ", servent à interner les opposants
politiques au régime, mais aussi leurs familles et leurs proches. A
l'intérieur, ils y sont victimes de travail forcé, de torture, de
sous-nutrition et d'exécutions sommaires, selon les témoignages des rares
rescapés de ces lieux. D'après Amnesty International, les camps sont toujours
plus grands et plus nombreux ; ils renfermeraient aujourd'hui près de 200.000
personnes.
Une cartographie
utilisée par les ONG
La publication de ces cartes
est une véritable avancée selon la Corée du Sud, qui est officiellement toujours
en guerre avec le Nord depuis la guerre de Corée de 1950 à 1953, aucun traité
de paix n'ayant été signé. Le ministère sud-coréen de la Réunification évoque
une "opportunité pour le monde d'en apprendre plus ".
En effet, les données de
Google sont très utilisées par les ONG qui défendent le respect des Droits de
l'Homme en Corée du Nord. Les images satellite déjà rendues disponibles par
Google Earth ont permis d'avoir une idée de l'emplacement, de la taille et de
la structure des camps d'internement. Ainsi, le site North Korea Economy Watch
a mis au point une extension au logiciel Google Earth : régulièrement
actualisée, elle permet de superposer aux images satellite ce que l'on sait de
la Corée du Nord, de ses lieux économiques et de ses bases militaires par
exemple. Dans Rescapé du camp 14 , le journaliste américain Blaine Harden
explique que Shin Dong-hyuk, seule personne connue née dans un camp à avoir
réussi à s'en enfuir, a donné une conférence à Mountain View, siège de Google,
pour raconter son expérience aux employés de l'entreprise.
Eric Schmidt en Corée
du Nord
La nouvelle cartographie
de la Corée du Nord par Google ne pourra cependant pas avoir d'influence sur la
connaissance par les Nord-coréens des appareils du régime : Internet y est réservé
à une infime partie de l'élite, seules quelques centaines de personnes ont
accès au réseau.
La semaine dernière, le
PDG de Google Eric Schmidt s'est rendu en Corée du Nord pour une "visite
humanitaire privée " en compagnie d'un ancien diplomate américain, Bill
Richardson. "La décision des Nord-Coréens de demeurer virtuellement
isolés ne peut qu'affecter leur univers, leur croissance économique ",
a déclaré Eric Schmidt à l'issue de cette visite.
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