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En Grèce, tensions à tous les étages dans le gouvernement d'union

La coalition de Lucas Papademos, qui réunit des partis allant de la gauche à l'extrême droite, peine à trouver un accord sur les mesures d'austérité à mettre en place. 

Article rédigé par Quentin Laurent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
De g. à dr, George Karatzaferis, Antonis Samaras, Lucas Papademos et George Papandreou, à Athènes, le 5 février.  (AFP/ARIS MESSINIS)

La Grèce est une nouvelle fois sous les projecteurs européens. La France et L’Allemagne pressent le gouvernement de Lucas Papademos pour qu’il prenne une série de mesures d’austérité engageant un peu plus le pays dans la réduction des déficits. Une condition sine qua non à l'octroi d'un nouveau plan d'aide économique. 

Seul problème, et non des moindres : la coalition politique mise sur pied en novembre peine à s’entendre sur les moyens de sortir de la crise. Avec le risque de s’attirer l’ire de ses financiers, laissant planer l’ombre du défaut de paiement de sa dette. 

De la gauche à l’extrême droite

Le 7 novembre dernier, l’ancien Premier ministre Georges Papandréou et les leaders de l’opposition étaient tombés d’accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, seul capable d’obtenir du Parlement une approbation massive du premier plan de sauvetage européen. Désavoué dans l’opinion publique et par une partie de ses députés et ministres, Georges Papandréou n’avait eu d’autre solution que d’opter pour un large rassemblement. Et de voir se former un triumvirat politique pour diriger le pays, réunissant les socialistes du Pasok, le parti conservateur Démocratie nouvelle (DN) ainsi que la formation d’extrême droite Laos (« Alarme populaire orthodoxe »).

 L’impossible union politique

"On nous demande encore plus d'austérité, plus que le pays est incapable de supporter", regrettait il y a quelques jours Antonis Samaras. Le leader de Démocratie nouvelle craint que l’austérité n’empêche le pays de retrouver rapidement le chemin de la croissance. Il a récemment déclaré qu’il ne soutiendrait aucune mesure du gouvernement qui se heurterait aux principes de son parti, comme une diminution des revenus des Grecs.  

De son côté, le chef du Laos, Georges Karatzaferis, a déclaré que l’actuel gouvernement était un "gouvernement Pasok raté" et qu’il ne souhaitait pas contribuer à "l’explosion d’une révolution". Le maintien de la souveraineté nationale est au cœur de ses revendications et Karatzaferis a déclaré qu’il ne cèderait pas "au chantage" de Bruxelles.

Le gouvernement a également dû faire face à plusieurs frondes de la part de députés qui faisaient pourtant partie des soutiens de la coalition.

Les réformes non votées

- La semaine dernière, le Parlement a bloqué une mesure souhaitée par le gouvernement et la troika, visant à rendre plus libre les horaires des pharmacies.

- La suppression de 150 000 emplois dans le secteur public, votée par le Parlement, a par la suite été retoquée par le gouvernement.

- Les négociations prévues sur les retraites et prévoyant des baisses dans les pensions complémentaires sont au point mort. 

- Le programme de privatisations prévues lors du premier plan d'aide européen est paralysé. Avant 2015, 50 milliards d'actifs appartenant à l'Etat doivent être vendus, mais seul 1,7 milliard d'entre eux ont pour le moment été cédés. 

De même, le gouvernement devait procéder à l’ouverture à la concurrence de plusieurs secteurs et à la fusion d’organismes publics, sans que cela ait pu se concrétiser. De nombreuses mesures, si elles n’ont pas fait face à un refus au Parlement, traînent et mettent du temps à être examinées. C’est le cas de la diminution du salaire minimum (751,39 euros), autre pierre d’achoppement entre les différents partis.  

Les yeux rivés sur les prochaines législatives

Démocratie nouvelle comme le Laos ont d’ores et déjà les yeux rivés sur les prochaines élections, qui devraient se tenir au début du mois d’avril. Ils craignent qu’en acceptant de répondre aux attentes européennes, en prenant de nouvelles mesures d’austérité, ils ne soient désavoués par leur électorat traditionnel. Antonis Samaras a annoncé que s’il obtenait la majorité absolue en avril, il renégocierait les conditions de l’aide européenne.

S’ils ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la politique à mener pour réduire les déficits, les membres de la coalition risquent de menacer la mise en place du nouveau plan d’aide européen. Et de laisser planer le spectre de la faillite économique sur le pays tout entier.

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