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Grèce : l'Allemagne et les pays pauvres de la zone euro prônent la fermeté

Si la France, l'Italie et l'Espagne restent ouvertes aux négociations, l'Allemagne et certains Etats comme la Slovénie et la Slovaquie affichent une ligne beaucoup plus dure, après la victoire du non au référendum. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La chancelière allemande, Angela Merkel, à Berlin, le 1er juillet 2015.  (MICHAEL KAPPELER / AFP)

Ils ont massivement dit "oxi". Les Grecs ont rejeté à 61,3% le plan des créanciers de leur pays, dimanche 5 juillet. De quoi susciter l'incertitude sur le maintien d'Athènes dans la zone euro. Et d'inspirer d'autres pays fragilisés par la crise européenne, ou soucieux de préserver leur économie, à adopter la même attitude ?

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Comme l'écrit Libération, "si chaque gouvernement se met à jouer son peuple contre celui des autres, l’avenir de l’euro est compromis : la France pourrait organiser un référendum sur le respect des 3% du PIB de déficit public, les pays riches sur les mesures de solidarité financière, les pauvres sur l’instauration de transferts financiers obligatoires… Comment refermer une telle boîte de Pandore ?"

Les réactions dans la zone euro à ce vote historique sont contrastées. Tour d'horizon.

Les pays qui adoptent une ligne dure : l'Allemagne, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Slovaquie

Si la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, se sont dits "tous deux d'accord sur le fait que le vote des citoyens grecs [devait] être respecté", les deux pays affichent une profonde différence sur le fond. 

Berlin a envoyé un message d'absolue fermeté en direction d'Athènes, lundi. Le porte-parole d'Angela Merkel estime qu'après le non des Grecs au référendum, les conditions pour négocier une nouvelle aide ne sont pas réunies. Un allègement de la dette "n'est pas un sujet pour nous, a martelé Martin Jäger. Je ne vois pas de raison de nous lancer à nouveau dans cette discussion." Pour l'Allemagne, "il appartient" désormais à la Grèce d'agir pour rester dans la zone euro.

Pour une tout autre raison, les pays les plus pauvres de la zone euro, en Europe de l'Est, sont partisans d'une ligne dure face à la Grèce. Ayant subi eux-mêmes des réformes douloureuses, certains envisagent le "Grexit" au lendemain du non grec aux mesures d'austérité proposées par l'UE et le FMI.

L'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Slovaquie ont longtemps clamé qu'elles étaient trop pauvres pour payer les erreurs d'une Grèce plus riche, et l'ont exhortée à se soumettre aux mesures d'austérité et aux réformes prévues par le programme de sauvetage de 240 milliards d'euros proposé par ses créanciers.

"Le cauchemar des 'euro-architectes' de voir un pays quitter le club semble un scénario réaliste après le vote négatif de la Grèce", a écrit sur son compte Twitter le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir.

Il a renchéri en déclarant lundi aux médias slovaques que "le retrait progressif de la Grèce de la zone euro était déjà en cours".

Les pays qui restent ouverts aux négociations : la France, l'Italie et l'Espagne

Dès dimanche matin, Paris et Rome avaient envisagé la reprise des négociations même en cas de "non", par les voix du ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, et du ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron. Ce dernier avait appelé à "reprendre des discussions politiques" avec la Grèce, "quelle que soit" l'issue du référendum. 

Les Européens doivent "recommencer à chercher un accord" pour sortir du "labyrinthe grec", avait, de son côté, réagi dimanche soir Paolo Gentiloni, dans un tweet.

 

Au lendemain du référendum, il est "évident" que les Européens devront "se remettre à parler", confirmait Matteo Renzi, président du Conseil italien, dans une interview publiée dimanche matin par le quotidien Il Messaggero.

L'Espagne s'est dite, elle aussi, disposée à négocier avec le reste des pays de la zone euro un "troisième plan de sauvetage" de la Grèce et "n'envisage absolument pas une sortie de la Grèce de l'euro". Mais les réformes sont "inéluctables", a prévenu, lundi, le ministre de l'Economie, Luis de Guindos.

Confronté à la montée en puissance du parti antilibéral Podemos, le gouvernement conservateur espagnol craint-il un effet de contagion ? Pablo Iglesias, chef de file de Podemos, allié du parti grec Syriza d'Alexis Tsipras, s'est en tout cas réjoui du résultat du référendum. "Aujourd'hui en Grèce, la démocratie l'a emporté", a-t-il déclaré sur son compte Twitter.

 

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