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Pourquoi le référendum de Tsipras est un coup de poker très risqué

Après cette annonce du Premier ministre grec, la zone euro a annoncé que le plan d'aide au pays prendrait fin le 30 juin.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras arrives à Bruxelles (Belgique) le 26 juin 2015. (JOHN THYS / AFP)

Le Grexit est-il à portée de main ? La décision du Premier ministre grec Alexis Tsipras d'organiser un référendum le 5 juillet sur les réformes demandées par les bailleurs de fonds de la Grèce pour pousuivre leur aide financière a mis le feu aux poudres. La zone euro a annoncé, samedi 27 juin, que le plan d'aide au pays prendrait fin le 30 juin. L'idée d'organiser cette consultation nationale est un coup de poker très risqué. Francetv info vous explique pourquoi.

Parce que la zone euro est à deux doigts de fermer la porte

Alors que la Grèce négocie depuis des mois pour éviter un défaut de paiement imminent, la zone euro semble à deux doigts de fermer la porte à la Grèce après l'annonce fracassante d'un référendum dans le pays sur les exigences des créanciers. 

Selon un document qui a fuité vendredi, ces derniers lui proposent une aide jusqu'à fin novembre, avec à la clé potentiellement 15,5 milliards d'euros de prêts (12 des Européens, 3,5 du FMI), en échange des réformes demandées, à la fois budgétaires et structurelles. Ce plan prévoit une aide immédiate de 1,8 milliard pour faire face à l'échéance du 30 juin, date à laquelle le pays doit rembourser un prêt de quelque 1,5 milliard d'euros du FMI.

Face à la décision d' Alexis Tsipras d'organiser une consultation nationale sur cette proposition, jugée notamment trop sévère sur la réforme des retraites et celle de la TVA, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a pris acte, estimant que la Grèce avait rompu les négociations. Il a annoncé tout bonnement la fin du plan d'assistance financière de la Grèce le 30 juin.

Décision très symbolique, Jeroen Dijsselbloem a annoncé que les ministres des Finances, à l'exception du ministre grec Yanis Varoufakis, allaient "se réunir immédiatement pour discuter des conséquences" de cette décision qui rapproche le pays du défaut de paiement. Une réunion de l'Eurogroupe à 18, sans la Grèce. Selon une journaliste du Monde, le scénario du Grexit se précise : 

Parce que la crainte d'une panique bancaire est renforcée

Ce coup de tonnerre a également renforcé les craintes d'un "bank run" (panique bancaire) dans le pays. La Banque de Grèce a assuré tout faire pour que les distributeurs soient équipés en billets, alors que les files d'attentes s'étirent devant de nombreuses banques.

Un contrôle des capitaux pourrait être décidé, comme cela avait été mis en place en mars 2013 à Chypre.

Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) devrait se réunir dimanche, sans doute par téléphone, pour décider de la marche à suivre. Ce conseil des gouverneurs, qui réunit les six membres du directoire de l'institution et les 19 gouverneurs des banques centrales de la zone euro, prend entre autres les décisions sur le maintien à flot des banques grecques au moyen de prêts d'urgence.

Parce qu'Alexis Tsipras risque son poste 

Alexis Tsipras peut difficilement valider le plan d'aide des créanciers dont les réformes prônées vont à l'encontre du programme sur lequel il a été élu. Mais avec ce référendum, il pourrait bien connaître le même sort que le Premier ministre socialiste Georges Papandréou en 2011. Déjà en pleine crise financière, la Grèce avait négocié un accord européen prévoyant notamment une réduction de 100 milliards de sa dette et de nouveaux prêts internationaux, en échange de nouvelles mesures d'austérité. Quatre jours après cet accord, Georges Papandréou avait décidé à la surprise générale de soumettre ce plan au peuple. Malgré un rétropédalage, et l'abandon du projet de référendum, il avait dû démissionner, remplacé par un gouvernement de technocrates.

A l'époque, Alexis Tsipras considérait que le référendum était un "tour de passe-passe du gouvernement pour gagner du temps". Aujourd'hui, les rôles sont inversés et c'est à Papandréou d'accuser le Premier ministre de la gauche radicale de "transférer au peuple grec la responsabilité de l'échec total de son gouvernement à négocier".

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