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Pression de la troïka sur Athènes malgré le possible retour de la croissance

La dette grecque fait moins la Une de l’actualité. Pourtant la troïka européenne continue à négocier avec Athènes pour la gestion de son budget. Un «dialogue» plein d’embûches entre un gouvernement grec prudent de ne pas casser un début de croissance et un Eurogroupe qui «perd patience», selon son président.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation à Athènes contre la venue de la troïka, le 20 novembre 2013. (CITIZENSIDE/DIONISIS KALIMERIS/AFP)

«Beaucoup de ministres des Finances de la zone euro commencent à perdre patience». La phrase, peu diplomatique, est signée du président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, déjà remarqué pour des propos un peu directs. Elle montre que la discussion avec Athènes, qui a déjà accepté la plupart des volontés de la troîka, n'est pas simple.
 
Le responsable européen a tenu ces propos alors que le gouvernement grec présente son projet de budget 2014 devant son parlement. Ce budget n’a pas eu l’aval de la troika (BCE, UE, FMI) qui doit donner son feu vert avant le déblocage de nouveau fonds à destination de la Grèce.
 
Et pour l'instant la discussion bloque. Le 21 novembre 2013, les représentants de la Troïka ne sont pas parvenus à un accord avec le gouvernement grec. "La Grèce a encore beaucoup de travail à faire", a déclaré M. Dijsselbloem à Ta Nea, ajoutant que les négociations avec la troïka portent sur «les progrès [de la Grèce], ou plutôt l'absence de progrès, au regard de ses engagements».  Comme toujours, le responsable européen a prôné des «sacrifices», des «réformes structurelles» et des «efforts de compétitivité». Bref, le ton n'est pas à la détente entre la Grèce et ses créanciers.

Croissance du PIB en 2014
«Des progrès substantiels ont été réalisés, mais quelques questions restent  à régler. Les discussions vont continuer. Les équipes de l'UE, de la BCE et du FMI doivent retourner à  Athènes au début décembre», a fait savoir la troïka dans un communiqué beaucoup plus diplomatique.
 
Ce ton nuancé contraste avec les informations et fuites transmises par les médias grecs, qui évoquent un désaccord persistant, et sans issue proche, entre  les deux parties.  Selon la troïka, le trou budgétaire pour 2014 dépassera 1,5 milliard  d'euros, alors que le gouvernement grec l'estime à un peu plus de 500 millions.
 
Bref, la tragédie grecque continue. Le gouvernement d’Athènes tente de résister aux pressions européennes qui veulent plus de privatisations, de nouvelles taxes et de suppressions de postes.  Athènes affirme de son côté que sa situation économique s'améliore. Athènes prévoit en effet un excédent primaire (hors paiement de la dette) d'au moins 812 millions d'euros en 2013, contre 344 millions estimés auparavant, a déclaré à la presse le vice-ministre des Finances Christos Staikouras. Angela Merkel a même salué ce chiffre. «Qui aurait pensé que la Grèce afficherait un excédent budgétaire primaire cette année ? »,  s'est-elle félicité.

Et pour l'an prochain, la Grèce a maintenu sa prévision d'un excédent primaire à 1,6% du produit intérieur brut (PIB), grâce à un taux de croissance attendu de 0,6%. Premier signe de croissance annoncée après six ans de récession et de privations pour la population «qui a détruit 40 % des revenus disponibles des ménages et fait s'envoler le taux de chômage à près de 28 %», rappelle Le Monde.

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