Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier n'ont pas été ensemble pendant toute leur captivité
"J'ai passé huit mois seul", a déclaré Hervé Ghesquière à France 3, peu après l'atterrissage des deux ex-otages à Villacoublay.
"On n'a jamais été maltraités", a-t-il précisé. "On est très très très heureux", a déclaré son compagnon Stéphane Taponier.
Les deux journalistes ont raconté à plusieurs reprises leur captivité jeudi. D'abord lors d'une conférence de presse à Villacoublay. Puis sur les plateaux des journaux télévisés de France 3 et de France 2 (voir vidéos).
Les deux reporters de France 3, qui ont passé un an et demi en captivité en Afghanistan, ont été séparés pendant huit mois, "du 13 avril au 13 décembre 2010", a indiqué Hervé Ghesquière. Puis ils ont été ensemble, avant d'être réunis avec Reza Din, leur traducteur afghan.
Jamais maltraités, sauvés par la radio et le sport
Hervé Ghesquière dit avoir été sauvé par la radio. "Ils nous ont accordé d'avoir une petit radio ondes courtes." Il fallait ne pas se laisser aller, organiser son emploi du temps, faire de l'exercice physique, alors qu'il n'y avait rien à lire, rien à faire, raconte-t-il. "J'écrivais, je faisais mon journal de bord. Ca me permettait de me vider la tête. Hélas mes feuilles ont été prises."
"On n'a jamais été maltraités" par les ravisseurs, précise-t-il. "On n'a jamais été menacés de mort, on n'a pas été frappés, on n'a pas été attachés."
On pouvait tenir encore", dit Stéphane Taponier qui souligne que le sport l'a beaucoup aidé. "Faire du sport c'est s'occuper, enlever le stress de ne pas pouvoir sortir, de ne pas pouvoir respirer".
Hervé Ghesquière, lui, a relaté le fait qu"ils étaient enfermés "23h45 sur 24". "On avait juste deux sorties pour aller aux toilettes", a-t-il précisé.
Des conditions de vie difficiles
"Ce sont surtout les conditions de vie qui ont été très difficiles", souligne Stéphane Taponier. Dans les montagnes afghanes, "on vit comme au Moyen-Age", raconte Hervé Ghesquière. La nourriture est toujours la même et peu abondante, une nourriture "spécial montagne afghane".
Autre souci: le froid. Il ne fait pas un froid sibérien mais "le problème c'est qu'il n'y a pas de chauffage. Et il n'y a que du bois pour se chauffer." Or le bois est rare. Bilan: il ne faisait chaud qu'une heure par jour dans leur geôle. "Soit 23 heures de froid par jour"...
Garder le moral à tout prix
"On s'était dit qu'il fallait garder le moral. On a toujours gardé de l'optimisme", dit Stéphane Taponier, dans cette situation "il faut s'accrocher à tout prix, on n'a pas le choix". "On savait que France Télévisions était derrière nous, que l'Etat français était derrière nous et que beaucoup de Français l'étaient aussi", a ajouté Hervé Ghesquière.
Découvrant jeudi soir sur le plateau de France 3 les nombreuses actions solidaires qui ont été menées pour eux durant 18 mois, les deux hommes ont montré leur surprise. "C'est incroyable cette solidarité", s'est ému Hervé Ghesquière.
Les derniers mois ont été longs
"Ca a été long, surtout les derniers mois. Les quinze derniers jours, on sentait que ça bougeait", mais les deux otages sont restés "super prudents jusqu'au dernier moment". Quand on les a emmenés en voiture vers une petite ville d'abord, puis vers la base militaire française de Tagab. De là, ils sont partis pour l'ambassade de France à Kaboul, "l'ambassade dont j'ai le plus rêvé dans ma vie", s'amuse Hervé Ghesquière.
Là, ils ont pu être en contact avec leurs familles. "On a pu enfin se lâcher."
"Ca fait du bien d'être là", a résumé Hervé Ghesquière, tandis que Stéphane Taponier exprimait une "énorme faim". "J'ai faim, faim de liberté, de respirer."
Loin d"être abattu, Hervé Ghesquière a affirmé son attachement à son métier : "c'est le métier que j'ai toujours rêvé de faire... et plus que jamais."
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