Inde : bienvenue au pays du tourisme médical
Paul Ramesh a émigré en Grande-Bretagne dans les années 90 afin d'y obtenir une excellente formation en école de médecine et un bon salaire. Aujourd'hui, il opère des Occidentaux dans sa ville natale, Madras, au sud de l'Inde. Car en Inde, le tourisme médical a le vent en poupe.
Implantée à travers tout le pays, la chaîne d'hôpitaux Appolo reçoit 300 candidatures par an d'Indiens travaillant en Grande-Bretagne et tentés de revenir dans leur pays pour un niveau de vie et une technologie bien meilleure qu'autrefois. «Quand je suis rentré, c'était un phénomène exceptionnel de voir des médecins revenir. Aujourd'hui, c'est la règle», a déclaré Paul Ramesh à l'AFP.
«Les médecins ont désormais l'opportunité d'exercer leurs compétences dans leur pays et d'attirer des patients de l'étranger», explique M.Balasubramanian, président de l'Association médicale indienne pour l'Etat du Tamil Nadu, explique le site du Parisien.
Selon Patients Beyonds Borders, une société américaine de tourime médical, la coût de certains actes peut être jusqu'à 90% moins cher en Inde qu'aux Etats-Unis. La plupart des patients viennent du Proche-Orient, d'Afrique et d'Asie. Mais les USA représentent une part croissante de ce tourisme médical. Selon son directeur Josef Woodman, «sur une opération cardiaque, ils peuvent économiser entre 50 et 70.000 dollars».
Ainsi, un Américain qui n'avait jamais quitté son sol natal est venu spécialement en Inde avec son épouse pour une opération de la hanche réalisée par un Indien formé en Grande-Bretagne. Une bonne chose pour eux. «Nous n'avons eu qu'à nous rendre à l'aéroport de Madras et ensuite nous avons été pris en charge» raconte, depuis le Wisconsin, Ann, l'épouse du patient.
L'hôpital Appolo a créé un centre dédié à ses «patients internationaux» équipé d'horloges indiquant l'heure des différentes grandes villes dans le monde, de New York à Hong Kong. Des traducteurs ont également été engagés pour aider les 70.000 patients étrangers accueillis chaque année.
Les étrangers «voient beaucoup de médecins indiens dans les pays occidentaux et réalisent que certains d'entre eux sont revenus en Inde. Cela leur donne confiance», explique Anto Sahayaraj, rentré de Nouvelle Zélande en 2012 pour travailler à Madras. Spécialiste en chirurgie pédiatrique, il vient d'opérer un bébé de deux mois venant de Bahrein.
Ce nouvel eldorado médical a créé un système à deux vitesses
Revers de cette médaille dorée, les Indiens n'ont pas les moyens de s'offrir cette médecine de qualité. Une médecine à deux vitesses, avec un secteur public mal géré et manquant de moyens d'un côté, et de l'autre, un secteur privé inaccessible au plus grand nombre faute d'assurance-maladie.
Et ils sont de plus en plus nombreux ces étrangers à venir se faire opérer en Inde à moindre coût. Selon lefigaro.fr, «le profil de ces étrangers venus faire "leurs emplettes" médicales est très varié. Américains, Européens, Africains, Asiatiques, les patients affluent de tous les continents. Les opérations les plus pratiquées relèvent du domaine de la chirurgie orthopédique, cardio-vasculaire ou plastique.»
Le docteur Samir Kunta, chirurgien plasticien au Lilavati Hospital constate le nombre toujours plus important de patients européens et américains : «Les étrangers viennent surtout pour des interventions de chirurgie esthétique qui ne sont pas remboursées dans leur pays et coûtent beaucoup moins cher en Inde». Une rhinoplastie coûte moins de 2000 dollars en Inde, alors qu'elle peut dépasser 10.000 dollars aux USA.
Plusieurs hôpitaux ultramodernes ont récemment vu le jour à Bombay et Delhi. Ces établissements n'hésitent pas à lancer des campagnes de publicité dans les pays du Golfe et aux USA pour attirer des patients.
Des circuits clés en main
Et les professionnels du Tourisme ont sauté sur l'occasion. Des agences de voyages proposent désormais des circuits clés en main : après la prise en charge à l'hôpital, le patient aura droit à deux jours de convalescence sur les plages de Goa ou pourra visiter le célèbre Taj Mahal. Chambres de 6 mètres sur 7, lits king size et le nec plus ultra du traitement médical.
Ralph Carter, un octogénaire américain, est ravi d'avoir traversé l'océan pour se faire soigner en Inde : «Mon billet d'avion, l'opération et la convalescence dans un hôtel de permière classe m'ont coûté plusieurs fois moins chers qu'une seule intervention aux USA, sans compter que l'endroit est plus propre et le personnel plus sympathique», relate Andrée-Marie Dussault sur le blog de jaia-bharati.org.
L'industrie du tourisme médical en Inde était évaluée à 2,3 milliards de dollars pour l'année 2012.
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