Inde: Rashtriya Swayamsevak Sangh, groupe hindouiste extrémiste
Déjà rejetée le 23 mars 2015, cette requête doit être à nouveau étudiée avant la fin avril, même si elle a peu de chance d’aboutir. En effet, comme le souligne le journal indien Times of India, l’idéologue du RSS, Ram Madhav, vient régulièrement à Washington pour y tisser un réseau de «relations entre des membres de l’administration et des hommes de loi».
Cette sollicitation a eu au moins le mérite de montrer le malaise qui grandit dans les communautés chrétienne, musulmane et sikhe.
Depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre hindou, Narendra Modi, et de son parti nationaliste le BJP, les hindouistes extrémistes du groupe paramilitaire RSS n’hésitent plus à perpétrer de nombreuses violences à l'encontre de minorités religieuses.
Narendra Modi a lui-même fait partie de cette organisation qui l’a largement soutenu lors de sa campagne électorale. 19 ministres du gouvernement actuel sont issus de ses rangs. La dernière controverse est la nomination du gourou Baba Ramdev, multimillionnaire proche du RSS, ambassadeur d’Etat pour le yoga (un titre égal à celui de ministre). Pour Lenin Raghuvanshi, fondateur et président du People’s Vigilance Committee on Human Rights, cette nomination promeut «les forces fascistes et le concept d’un Etat hindou».
Créé en 1925 pour lutter contre le colonialisme britannique et supprimer le séparatisme musulman, le RSS est devenu au fil des ans une organisation très puissante. Pour ses membres, «chaque Indien est en réalité un hindou». Des conversions forcées, ou Ghar Wapsi (Retour à la maison), sont de plus en plus exigées auprès principalement des musulmans et des chrétiens.
Les forces d’opposition, qui vont jusqu’à comparer ce mouvement aux islamistes nigérians de Boko Haram, accusent le RSS de prôner un hindouisme sectaire et de vouloir limiter l’Inde à une seule identité religieuse. Et de véhiculer une idéologie fasciste via des campagnes et des actions brutales.
Ce n’est pas la première fois que le RSS est pointé du doigt. De nombreuses organisations avaient déjà dénoncé cette organisation et les groupuscules qui s’y rattachent, comme Bajrang Dal, Shiv Sena, Vishwa Hindu Parishad… tous issus de la mouvance du Sangh Parivar, dont le concept politique assimile l’hindouisme à la nation indienne (Hindutva).
Leur philosophie est d’instaurer l'hindouisme en tant que religion d'état, faire de l'Inde une nation hindoue avec une identité religieuse et culturelle unique. Une idéologie dénoncée par ses détracteurs comme contraire au concept même de l'hindouisme, dont le socle est d’être justement multiconfessionnel.
Pour autant, le Premier ministre de l’Inde multiplie les déclarations en vue d’apaiser les tensions avec les minorités religieuses. Sincère ou opportuniste? L’Inde en plein développement économique ne veut surtout pas se brouiller avec les Etats-Unis avec qui elle essaye de resserrer ses liens commerciaux. La remarque de Barack Obama, en visite en Inde en janvier 2015, selon laquelle ce pays ne réussirait son développement que s’il parvenait à éviter les fractures religieuses, n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.
Comme signe d’apaisement et de sa bonne foi, Narendra Modi s’est rendu au Temple d’Or d’Amritsar, au Pendjab, lieu sacré du sikhisme, le 23 mars 2015. Mais cette visite a soulevé de nombreuses critiques et a été vécue comme une ultime provocation au sein de la communauté sikhe. C’est ici qu’a été perpétré le massacre de 1984 ordonné par le Premier ministre indien de l’époque, Indira Gandhi, pour déloger des indépendantistes sikhs qui s’y étaient retranchés. En représailles, quatre mois plus tard, elle avait été assassinée par l’un de ses gardes du corps sikhs.
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