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L'Inde reste accro au charbon malgré la pollution et les maladies respiratoires
En pleine COP21 censée obtenir des efforts de tous pour ralentir le réchauffement de la planète, le Premier ministre indien a fait cet aveu: il ne compte pas renoncer à ses ressources en charbon destinées aux 300 millions de ses concitoyens qui sont privés d'énergie! Pour Narendra Modi, la communauté internationale doit laisser «de la place pour la croissance des pays en développement».
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Chaque jour, les 18 millions d'habitants de New Delhi respirent un cocktail toxique de poussières, de particules émises par des usines, et de gaz d'échappement de véhicules en constante augmentation. Et cela n'est pas près de s'arrêter.
Bien que ses partenaires de la COP 21 n'aient cessé depuis plusieurs mois de presser l'Inde, troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, le programme d'exploitation du charbon se poursuivra au nom de la croissance.
Autre argument avancé par le Premier ministre indien: la justice climatique. «Les (pays) prospères gardent une forte empreinte carbone et les milliards de personnes qui sont dans le monde tout en bas de l'échelle du développement cherchent un espace pour croître», selon le principe de «la justice climatique» a-t-il souligné dans son discours au Bourget.
Néanmoins, après la signature en novembre 2014 d'un accord marquant entre les Etats-Unis et la Chine, les plus gros pollueurs de la planète, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, l'Inde, deuxième pays le plus peuplé au monde, fait figure d'élève récalcitrant.
En janvier 2015, Barack Obama, en visite officielle en Inde, rappelait la situation en ces termes : «Même si des pays comme les Etats-Unis réduisent leurs émissions, si les nations en croissance comme l’Inde – avec des besoins énergétiques en forte augmentation – ne se tournent pas vers des énergies propres, nous n’avons aucune chance contre le changement climatique.»
Mais, déjà, le gouvernement de Narendra Modi refuse de subir les pressions extérieures et de s'engager dans une réduction chiffrée de la dépendance de l'Inde aux énergies fossiles. Les autorités se trouvent en quelque sorte prises entre deux feux.
D'un côté, il y a le souci d'améliorer le niveau de vie de la population de 1,2 milliard d'habitants, dont un quart est pauvre. Arunabha Ghosh, chef du Council on Energy, Environment and Water, fait valoir que fixer des objectifs comme l'a accepté la Chine pourrait nuire à l'économie indienne.
«Le développement voulu par le gouvernement n'est pas que de la rhétorique, il a un contenu réel. Des objectifs agressifs en matière d'énergies renouvelables risqueraient de rendre inaccessible l'électricité pour les 20% des foyers les plus pauvres», affirme M.Ghosh, cité par l'AFP. Dans cette optique, le Premier ministre Modi a dit compter beaucoup sur le charbon et annoncé un doublement de sa production avant 2019 à un milliard de tonnes!
Le grand écart des autorités indiennes sur la qualité de l'air
Les dégâts causés par les émissions de gaz à effet de serre, très importantes avec l'exploitation du charbon, semblent passer au second plan. Même si, pour être juste, précisons quand même que l'Inde prévoit de produire 100.000 mégawatts d'énergie solaire d'ici à 2020, contre 3.000 MW actuellement. La perspective de générer 160 milliards de dollars de revenus sur les cinq prochaines années grâce au développement des énergies renouvelables pèse favorablement dans la balance.
D'ici à 2019, Modi a d'ailleurs promis de fournir de l'électricité aux plus de 300 millions d'Indiens qui n'y ont pas accès, notamment via le solaire.
De l'autre côté des préoccupations de l'exécutif indien, il y a la santé des citoyens. Plus de la moitié des habitants en Inde vit dans des zones où la concentration en particules fines, appelées pm 2,5, est bien supérieure aux niveaux acceptables. Delhi est régulièrement plombée par un ciel gris opaque et les débats télévisés sur la qualité de l'air se multiplient. Selon une étude conjointe du Health Effects Institute, basé à Boston, et de l'Energy Resources Institute de Delhi, au moins 3.000 personnes meurent prématurément chaque année dans la capitale en raison de leur forte exposition à la pollution.
Cela n'avait pas empêché les autorités de la ville de contester l'étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) classant New Delhi comme capitale la plus polluée au monde avant de finalement reconnaître qu'elle se classait moins bien que Pékin, pourtant «réputée» pour sa pollution.
De l'autre côté des préoccupations de l'exécutif indien, il y a la santé des citoyens. Plus de la moitié des habitants en Inde vit dans des zones où la concentration en particules fines, appelées pm 2,5, est bien supérieure aux niveaux acceptables. Delhi est régulièrement plombée par un ciel gris opaque et les débats télévisés sur la qualité de l'air se multiplient. Selon une étude conjointe du Health Effects Institute, basé à Boston, et de l'Energy Resources Institute de Delhi, au moins 3.000 personnes meurent prématurément chaque année dans la capitale en raison de leur forte exposition à la pollution.
Cela n'avait pas empêché les autorités de la ville de contester l'étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) classant New Delhi comme capitale la plus polluée au monde avant de finalement reconnaître qu'elle se classait moins bien que Pékin, pourtant «réputée» pour sa pollution.
Le Premier ministre Narendra Modi a récemment admis la posture de grand écart affichée par son pays sur le climat. Pas d'ordre à recevoir des pays industrialisés pour sauvegarder la planète, mais inquiétude «de l'héritage que nous laisserons aux générations futures».
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