Double élection le 1er mars en Iran

Le 1er mars 2024, les Iraniens sont appelés aux urnes pour élire à la fois les représentants de l'Assemblée des experts, un organe clé chargé de désigner le guide suprême, mais aussi leurs députés avec des élections législatives.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le 1er mars 2024, les Iraniens vont élire à la fois les représentants de l'Assemblée des experts et leurs députés avec des élections législatives (ATTA KENARE / AFP)

On l'oublie souvent mais l'Iran est une République islamique, c'est-à-dire que toutes les institutions et les activités de l'Iran sont fondées sur les principes de la loi coranique, donc sur la religion.
 
Dans 15 jours, le 1er mars, les Iraniens éliront deux chambres. La première est appelée l'Assemblée des experts, elle se compose de 86 religieux élus pour 8 ans qui ont, notamment, la mission de désigner le Guide suprême, soit la plus haute autorité de la République. La campagne pour ce scrutin au suffrage universel a commencé mercredi 14 février, soit 15 jours avant l'élection.

La seconde campagne commencera la semaine du 19 février 2024. Elle a pour but d'élire les 290 députés du Parlement. Ils seront élus pour 4 ans au suffrage universel? Ces députés sont supervisés par un "Conseil des gardiens de la Constitution" qui approuve ou s'oppose aux résolutions de l'Assemblée.
 
Ce qu'il faut retenir, c'est que dans tous les cas le pouvoir est organisé de telle façon qu'à l'arrivée ce sont les religieux qui ont le dernier mot dans le pays.

Tous les prétendants ne peuvent pas forcément se présenter

Sur le papier tous les Iraniens âgés de plus de 15 ans peuvent participer à l'élection. C'est ainsi qu'il y a 500 candidats au début du processus, mais pour être éligible il faut passer par un protocole d'approbation mené par le Conseil des Gardiens, qui est une sorte de Conseil constitutionnel, qui est lui aussi dirigé par des religieux. Résultat, sur les 500 candidats de départ, seuls 144 seulement sont autorisés à se présenter.
 
Il s'agit plutôt de candidats pro-régime dans la ligne du gouvernement conservateur. Pour illustrer cette liberté relative de se présenter, l'ancien président Rohani, très critique depuis quelques années, n'a pas été autorisé à se présenter cette année. 

Quels enjeux pour ces élections ?

En Iran, quoiqu'il arrive, les vainqueurs sont toujours les religieux et les mollahs. Mais cette année, il y a une particularité.
 
Ce sont les premières élections nationales depuis le vaste mouvement de contestation Femmes, vie, liberté qui a secoué l'Iran après la mort en septembre 2022 de Mahsa Amini, cette jeune Kurde de 22 ans décédée après avoir été arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire du pays. 
 
Il s'agit aussi des premières élections nationales depuis l'attribution à Narges Mohammadi, du prix Nobel de la paix 2023 pour sa lutte courageuse pour la liberté et les droits de l'homme en Iran.
 
Le 1er mars, il y a un chiffre qu'il faudra regarder avec attention, s'il n'est pas trafiqué, celui de la participation. Il y a 4 ans, seulement 42 % des Iraniens s'étaient déplacés pour voter. On peut imaginer que cette année, en guise de contestation, ils seront encore moins à le faire.

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