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Iran : lourde peine de prison pour la dessinatrice Atena Farghadani

Accusée par la justice iranienne de diffusion de propagande contre le régime, la jeune dessinatrice Atena Farghadani a été condamnée à 12 ans et 9 mois de prison, selon Amnesty International. Une «terrible injustice et une violation de ses droits à la liberté d’expression et d’association» pour l’organisation de défense des droits de l’homme.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'artiste Atena Farghadani (à droite) et le dessin qui lui a valu sa condamnation. (DR)

Pour la deuxième fois en moins d’un mois, la justice iranienne prononce de lourdes peines d’emprisonnement à l’encontre de deux femmes.
 
Agée de 28 ans, Atena Farghadani, peintre, dessinatrice et militante pour les droits des femmes, a posté en janvier dernier sur sa page Facebook une caricature des députés conservateurs. Elle les représente avec des têtes d’animaux votant une loi anti-contraception et criminalisant les stérilisations volontaires.

Le juge Abu'l-Qasim Salavati réputé pour sa brutalité 
Accusée entre autres d’«outrage aux représentants du parlement par la maîtrise du dessin» et d’«outrage au Guide suprême et aux pasdarans» elle a été condamnée par le juge Abu’l-Qasim Salavati, réputé pour sa brutalité et très impopulaire selon le collectif solidarité Iran Paris, à 14 années de prison.
 
Un verdict disproportionné pour Amnesty International qui souligne la multiplication de «charges infondées» permettant d’imposer des peines plus sévères que le maximum prévu.
 
Atena Farghadani avait déjà été arrêtée en septembre 2014 pour une exposition de tableaux critiques du régime et ses contacts avec des familles de prisonniers politiques et de personnes mortes lors du soulèvement de 2009. Elle avait bénéficié d’une remise en liberté provisoire contre une importante caution et pour raison de santé à la suite d’une grève de la faim, puis de la soif, de plus de 11 jours.
 
A sa sortie, elle avait raconté son calvaire : 88 jours d’isolement extrême et 58 jours d’interrogatoires. Des séances redoutables qui duraient entre 7 et 10 heures chaque fois.
 
Isolement et torture à la prison d'Evin
Une autre militante de la société civile opposée à la peine de mort, Atena Daemi, 27 ans, avait été condamnée le 14 mai 2015 par le tribunal révolutionnaire de Téhéran à 14 ans de prison pour «outrage au fondateur de la République Islamique d’Iran et au Guide suprême». Une peine qui inclut 7 années pour «rassemblement et collusion dans le but de nuire à la sécurité national ».

Arrêtée le 21 octobre 2014 pour son activisme pacifiste, elle avait été placée, elle aussi, en isolement et torturée à la prison d’Evin de sinistre réputation, puis transférée dans une prison pour femmes où elle se trouve toujours détenue.
 

Atena Daemi militante pacifiste et contre la peine de mort arrêtée le 21 octobre. (DR)

Pour Amnesty International, «ces deux femmes sont des prisonnières d’opinion et doivent être libérées immédiatement».

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