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Netanyahu à Washington: coup de froid avec Obama

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devait s’exprimer devant le Congrès américain le 3 mars...sans y avoir été invité par le président Obama, ce qui a déclenché une vive réaction de la Maison Blanche. Laquelle a parlé de geste «destructeur pour les bases mêmes des relations américano-israéliennes» dans un contexte déjà tendu entre les deux pays.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Extrait d'une affiche du groupe J Street (juifs en faveur de la paix), publiée dans le «NYT». (DR)

John Boehner, le speaker républicain de la Chambre des représentants, a convié Benjamin Netanyahu à venir parler devant le Congrès américain, sans consulter l'administration (gouvernement) Obama. Résultat: le président américain ne devrait même pas rencontrer le numéro un israélien…
 
Dans le monde feutré de la diplomatie, ce voyage détonne. «Amener un leader étranger devant le Congrès pour défier la politique d'un président américain est sans précédent», résume le pourtant très conservateur Robert Kagan, cité par Le Point. Bilan: le Premier ministre israélien se retrouve accusé de manquer de respect au président Obama en acceptant l'invitation de ses opposants politiques.  

Les sujets de friction étaient déjà nombreux avec les Américains (colonisation, territoires occupés…). Ce voyage ne risque pas de réchauffer les relations entre les deux pays.

Susan Rice, la conseillère d'Obama à la Sécurité nationale, a estimé que «ce qui s'est passé ces dernières semaines du fait de l'invitation qui a été lancée par le président (de la Chambre) et de son acceptation par le Premier ministre Netanyahu à deux semaines seulement des élections, c'est que, des deux côtés, on a injecté de la partialité, ce qui est non seulement malheureux mais aussi destructeur pour la structure même de nos relations.»
 
En pleine campagne électorale israélienne, Benjamin Netanyahu a mis au centre de sa campagne électorale la question iranienne. Dès son arrivée aux Etats-Unis, il a rencontré le puissant lobby américain pro-Israël, l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee) se disant «en mission historique». A deux semaines des législatives, il s'est présenté comme «l'envoyé de tous les citoyens  d'Israël (...) et de l'ensemble du peuple juif», «inquiet pour la sécurité de tous les citoyens d'Israël et pour le destin de notre pays et de notre peuple». Des juifs américains ont d’ailleurs critiqué cette opération, que ce soit parmi les élus, ou dans la «communauté» juive, raconte le New York Times

Publicité du groupe J Street critiquant la visite de Netanyahu publiée dans le «NYT». (DR)
Le dossier iranien
Israël est convaincu qu'une entente entre le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran n'empêcherait pas Téhéran de se doter un jour de la bombe atomique. Une arme nucléaire aux mains de la République islamique est un chiffon rouge pour l'Etat hébreu mais aussi pour Washington qui, s'il mise à tout prix sur la voie diplomatique avec Téhéran, n'a jamais complètement écarté l'option militaire.
  
Après un an et demi de négociations internationales et un accord provisoire en novembre 2013, le 5+1 et Téhéran doivent signer d'ici au 31 mars 2015 un document politique complet et définitif. Ils auraient jusqu'au 30 juin/1er juillet pour boucler les détails techniques. 

Sur ce dossier sensible, Obama joue une partie de sa politique étrangère. Et les Républicains ne le suivent pas.
 
Elections israéliennes
Dans ce voyage, il y a derrière le dossier iranien un double dossier de politique intérieure. Côté américain, les Républicains entendent jouer leur différence à un peu plus d'un an de la présidentielle. Côté israélien, à deux semaines des législatives, le camp de la droite nationaliste tente de mettre en avant le dossier iranien au cœur de l'élection.

Benjamin Netanyahu «espère rentrer de Washington avec un gain d’au moins deux voire trois points dans les sondages», note le site d'information israélien i24news.
 
En Israël, le Premier ministre fait face à une campagne plus difficile que prévu. Dans ce combat électoral, il entend mettre l'accent sur le dossier iranien: «Lorsque l’on parle du prix du logement, du coût de la vie, je n’oublie pas une seule seconde la vie au sens littéral du terme. La plus grande menace pour notre existence est un Iran nucléaire», a-t-il déclaré. Au point que certains l'accusent d'être en retrait des préoccupations réelles des électeurs.

«Si la menace du nucléaire iranien est peut-être un sujet primordial pour Netanyahu, elle n’est pas la préoccupation immédiate des électeurs», estime i24news

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