Les élections américaines vues... d'Israël
De fait, les relations entre la présidence du Conseil à Jérusalem et l’administration américaine n’ont jamais été aussi tendues pour ne pas dire mauvaises. En pleine campagne présidentielle aux Etats-Unis, le Premier ministre israélien n’hésite pas à tirer à boulet rouge sur le locataire de la Maison Blanche et candidat à la réélection avec, pour argument, le dossier du nucléaire de Téhéran.
Les exigences de Netanyahu
La controverse ne se déroule pas dans le cadre du très discret dialogue stratégique entre les deux pays comme dans le passé. Publiquement, Netanyahu exige d’Obama qu’il fixe une ligne rouge menaçant les Iraniens d’une intervention militaire s’ils dépassent un certain niveau d’enrichissement de l’uranium.
Le Président des Etats-Unis refuse en expliquant qu’aucun dirigeant ne peut accepter d’être lié par un tel engagement. Il affirme toutefois que l’Amérique ne laissera pas l’Iran se doter de l’arme nucléaire et qu’il faut laisser les sanctions internationales agir.
Pour Netanyahu, c’est insuffisant. Le Premier ministre israélien l’a encore dit au cours d’interviews sur des chaînes américaines, le 16 septembre 2012. Selon lui, les Iraniens auront fait, dans six ou sept mois, 90% du chemin vers la bombe A et il est vital de leur fixer une limite.
Une insistance très peu appréciée par l’entourage du chef de l’exécutif où on considère le Benjamin Netanyahu comme totalement pro-républicain.
Des fonds pour le candidat républicain
Dans ce contexte, les démocrates rappellent la visite de Mitt Romney à Jérusalem, fin juillet. Le candidat républicain a été chaleureusement accueilli par son ami Benjamin Netanyahu, sous le regard attendri de Sheldon Adelson, fidèle soutien des deux hommes. Ce milliardaire, propriétaire de casinos, finance Israël Hayom, le quotidien gratuit qui défend la politique de la droite israélienne. Il a offert dix millions de dollars à la campagne républicaine.
Pendant son séjour, Mitt Romney a tenu une réunion de donateurs qui lui a permis de récolter un million de dollars supplémentaires.
La présidence du Conseil à Jérusalem a mis de l’huile sur le feu en faisant savoir qu’au cours de contacts préliminaires, la Maison Blanche a répondu que Barack Obama ne pourra pas rencontrer Benjamin Netanyahu lors de sa brève visite à new York à la fin du mois de septembre. Scandale. En fait, le candidat démocrate, en campagne, ne verra aucun dignitaire étranger durant cette période.
Un enjeu pour les républicains, la communauté juive américaine
Cela concerne tout particulièrement certains Etats clés oùu le vote juif pourrait faire basculer l’élection. Et, pour l’heure, cela semble fonctionner. Selon les sondages, dans ce milieu, le soutien à Obama, est en baisse tout en restant largement majoritaire.
Se pose donc la question du pari lancé par Benjamin Netanyahu. Ne prend-il pas un risque énorme en jouant contre Obama ? Si ce dernier est réélu, lui pardonnera-t-il le soutien à son adversaire ?
Le problème est peut-être ailleurs
Si Mitt Romney gagne l’élection, il n’entrera en fonction qu’en janvier et mettra plusieurs mois avant d’installer son administration. Ce qui nous amène au-delà des six à sept mois, évoqués par le Premier ministre israélien, à partir desquels l’Iran sera proche de se doter de l’arme nucléaire.
Peut-être trop tard pour une intervention militaire. Selon Nahum Barnea, l’éditorialiste vedette du quotidien Yediot Aharonot, Netanyahu voudrait voir le candidat républicain installé à la Maison Blanche non pas en raison du dossier iranien, mais bien pour ne pas avoir à affronter un Obama désireux de relancer les négociations avec les Palestiniens, exigeant l’arrêt de la colonisation, libéré des pressions d’AIPAC, le lobby pro-israélien.
Des mois cruciaux pour l’avenir de la région
Les derniers en date à s’exprimer sont, Martin Indyk, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à Tel Aviv. Il est persuadé qu’en 2013 l’Amérique fera la guerre à l’Iran.
Pour sa part, la chaine américaine CBS a rediffusé une interview de Meir Dagan, l’ex-patron du Mossad. Selon lui, une intervention israélienne en Iran entraînerait l’ensemble de la région dans la guerre.
Dans tous les cas, l’année, les mois qui viennent s’annoncent critiques pour les relations israélo-américaines et le Proche-Orient.
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