"Ceci est la Rai de Meloni" : en Italie, les dirigeants de la télévision publique soupçonnés d'orienter le contenu de la chaîne
En Italie, la Rai vit une période de très fortes turbulences. Samedi 20 avril au soir, l’écrivain Antonio Scurati, auteur d’une série de livres de référence sur Mussolini a été censuré sur la troisième chaîne. Sa participation à une émission, à quelques jours de l’anniversaire de la Libération de l’Italie, a été annulée.
L’affaire prend une telle ampleur que dimanche, au journal télévisé, un communiqué syndical a été lu par la présentatrice : "Le contrôle des dirigeants de la Rai sur l'information de service public se fait chaque jour plus asphyxiant." Samedi soir, dans l’émission Che serà sur la troisième chaîne, Antonio Scurati devait notamment dénoncer le refus de Giorgia Meloni, de prendre clairement et nettement ses distances avec le fascisme.
Une enquête interne est en cours
La Rai avance une explication économique à l’annulation : Scurati aurait demandé 1 800 euros pour participer à l’émission, ce qu’il n’a pas démenti. En revanche, la presse italienne a publié un mail interne à l’entreprise qui avance des raisons éditoriales pour l’annulation. Le gros chèque éventuel ne serait donc qu’une excuse. Y a-t-il eu un coup de zèle d’un cadre intermédiaire ? La direction de la Rai fait valoir que la participation de l’écrivain était annoncée dans un communiqué officiel et qu’une enquête interne est en cours "pour voir si des erreurs ont été commises."
Pour ajouter au tableau, à cette même émission, la directrice adjointe des journaux d'information sur la 1e chaîne d'information de la Rai participait à un débat sur l'avortement et a déclaré : "On est en train de confondre un droit et un délit. L'avortement est un homicide."
Pas la première polémique
"Ceci est la Rai de Meloni", commente le parti démocrate à gauche. Pour essayer d’éteindre l’incendie sur le cas Scurati, Giorgia Meloni a reproduit sur sa page Facebook le texte de l’intervention prévue de l'écrivain. Une façon de dire qu'il n’y a pas de censure. Mais cela ne suffit pas parce que cette controverse est loin d’être la première à la Rai.
Georgia Meloni, après son élection, a commencé par nommer des proches à la tête de l'entreprise. C'est un classique en Italie mais elle a assorti cela d'une volonté de mettre en place un nouveau récit, estimant que la gauche bénéficiait d'une hégémonie dans le monde culturel. Il y a régulièrement des reportages, une hiérarchie, des invitations jugés très orientés et ces derniers mois, plusieurs vedettes ont quitté le navire pour rejoindre le privé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.